Présentée deux semaines seulement au théâtre de l'Athénée, la mise en scène de l'ultime pièce de Copi par Philippe Calvario, "Une Visite Inopportune", brille par sa subtilité, son intelligence et une remarquable direction d'acteurs.
Ce poème onirique et surréaliste, à la fois noir et haut en couleurs, sombre et joyeux, se veut bien sûr le reflet et le témoignage d'une époque qu'il ne faut oublier, celle de l'arrivée du Sida en France, mais aussi une réflexion plus générale et intemporelle sur la mort, l'art, l'artiste et le souvenir qu'il laissera au public une fois disparu.
De cette matière première pas forcément évidente à travailler, Philippe Calvario parvient à faire un tableau extrêmement nuancé, dessine au mieux personnages et situations, et nous propose des images fortes, évitant les trop gros traits ou des clichés dans lesquels d'aucuns auraient facilement pu tomber. On pense aux personnages homos, peut-être un peu folles mais pas hystériques, à cette diva qui n'est, malgré tout, pas drag queen, ou à ces nombreux extraits du Top 50 des 80's qui pourraient énerver s'ils n'étaient diffusés à la juste dose... Bref, ce n'est ni carnaval, ni la Gay Pride. L'ensemble, complexe, sophistiqué, laisse entendre et met en valeur un texte traversant selon moi assez bien les années.
Michel Fau, avec cette emphase qui lui va si bien et le talent qu'on lui connaît, est un comédien mourant dans sa chambre d'hôpital, drôle, poignant et pathétique. Marianne James compose une cantatrice "messagère de la mort" qui n'est pas sans faire penser, bien que plus élaborée, à Ulrika Von Glott (L'Ultima Récital). Non sans humilité, avec précision et rigeur, elle s'avère des plus justes et nous émeut avec sa belle voix que l'on a plaisir à réentendre lors des fréquents passages chantés. De son côté, Eric Guého (que l'on aimerait voir plus souvent) en confident-secrétaire particulier de Michel Fau, déroule un jeu tout en finesse, également irrésistible de drôlerie. Louis Arène, fraîchement sorti du Cons, incarne à la perfection un jeune médecin à la fantaisie déplacée, terriblement plus soucieux de sa carrière que de ses patients. Enfin Sissi Duparc, en effrayante infirmière et Lionel Lingelser, en journaliste à la timidité maladive, complètent une distribution sans fausse note.
De l'excellent théâtre, à découvrir jusqu'au 9 avril.
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Photos : Pascal Deboffle