Les Junos et une visibilité grandissante pour Karkwa

Publié le 26 mars 2011 par Gabnews
Karkwa sous-estime sans doute sa renommée grandissante dans le monde anglophone. Photo Rogerio Barbosa
TORONTO – Demandez aux membres de Karkwa quelles sont leurs chances de mettre la main sur un trophée Juno ce week-end et leur réponse est unanime : aucune. Pourtant, le groupe québécois a une renommée de plus en plus large dans les territoires anglophones, qu’ils soient canadiens (lauréats du prix Polaris) ou américains (participation à venir dans un film produit par Julia Roberts)....
[Écrit par Philippe Rezzonico, RueFrontenac.com, Samedi 26 mars 2011]
« Arcade Fire et Fred Pellerin ! » lance spontanément le batteur Stéphane Bergeron quand on lui demande qui sont les lauréats prévisibles dans les catégories Album alternatif de l’année et Album francophone de l’année, où Karkwa se retrouve en lice.
« Si on gagne, on va avoir l’air encore plus fous qu’au prix Polaris, renchérit le percussionniste Julien Sagot. On n’a pas préparé de discours. »
Il faut dire que l’ambiance du cocktail du week-end des Junos prêtait à ce genre de commentaires, vendredi, dans la grande salle du Royal York, un hôtel d’une autre époque qui a déjà vu le passage de la reine d’Angleterre. Mettons que nous étions loin de ce qu’on a vu quand les Junos s’offraient des escales un peu plus… rurales, comme à Halifax et Saskatoon.
Nous étions bien dans Toronto-la-blasée-qui-a-tout-vu. Les présentateurs des artistes qui défilaient sur scène parlaient dans le vide et bien peu de gens écoutaient avec attention les artistes canadiens qui venaient rendre hommage aux grandes chansons du passé et du présent, dans le cadre du 40e anniversaire des prix Juno.
Si Bergeron base son analyse sur la notoriété internationale de Karkwa dans le premier cas et sur les imposantes ventes de Pellerin dans le second, il faut admettre que Karkwa est en train de se bâtir une fichue de belle notoriété en dehors du Québec. Est-ce dû à une ouverture plus grande du public pour des artistes qui ne sont pas nécessairement anglo-saxons ?
« Quand j’écoute Sigur Rós, j’apprécie la musique pour ce qu’elle est, note le bassiste Martin Lamontagne. Mais je crois qu’il y a une barrière, la commercialisation. »
« Je pense qu’il y a une forme de buzz liée à la créativité de la scène montréalaise depuis quelques années, ajoute Louis-Jean Cormier. Que ce soit avec des vétérans comme Godspeed You ! Black Emperor ou des jeunes comme Arcade Fire, même s’il est vrai qu’il est de moins en moins étrange d’écouter des bands qui chantent dans une autre langue que l’anglais. »
Karkwa et Julia Roberts
Karkwa va peut-être perdre face à Fred Pellerin, mais on pense que l’industrie canadienne connaît plus le band québécois que l’ami Fred. On ne sait jamais comment va tourner un vote aux Junos. Les gars de Karkwa sont même connus aux États-Unis. À preuve, leur chanson Le Pyromane sera intégrée dans le prochain film produit par Julia Roberts, Jesus Henry Christ.
« C’est le fait d’être bien encadrés, assure Cormier. On a participé deux fois au festival South by Southwest, nous sommes bien représentés par Sandy (Boutin, leur agent), Rebecca (Webster, au Canada anglais) et on rencontre de plus en plus de PR de partout. C’est un peu ce qui s’est produit avec le film de Julia Roberts.
« Les gens de la compagnie de production de Julia Roberts (Red Om Films) ont pris Le Pyromane pour illustrer une scène. Roberts ne joue pas dans ce film qui n’est pas une production hollywoodienne, mais un film de répertoire. C’est elle qui est la productrice. Mais on nous a dit que la vedette du film (Michael Sheen) sifflotait l’air de la chanson sur le plateau de tournage. »
New York, New York
Si on ne parle pas d’une visibilité instantanée comme l’obtient une chanson liée à une télésérie américaine vue par des millions de téléspectateurs comme Grey’s Anatomy et True Blood, les gars de Karkwa viennent de s’offrir une vitrine de choix. Jesus Henry Christ sera présenté en première mondiale du Festival de film de Tribeca (fondé par Robert de Niro), à New York, au mois d’avril.
« On doit être là pour la première mondiale, le 23 avril, et on s’est même ajouté un show la veille (22 avril). On va jouer au Piano’s, dans le East Village. »
Cependant, les boys attendaient avec une certaine appréhension un test de son prévu pour 7 h 45 du matin (samedi) parce qu’ils seront en performance lors du dîner de gala de samedi soir (télédiffusé nulle part), où seront remis 32 Junos au Allstream Center. Et ils se demandaient aussi s’ils n’avaient pas perdu leur temps vendredi matin.
« On est arrivés tôt à Toronto pour faire une entrevue avec The National, mais ils nous ont dit qu’elle risquait de ne pas passer au bulletin en soirée en raison des événements de la journée (le renversement du gouvernement conservateur), note Cormier. Bon… Les gens pourront toujours aller la voir sur le Web… »