Nous devons revenir parfois à la force de l’émotion originelle, celle qui nous portait avant d’avoir changé et d’avoir ressenti une nouvelle déception. Avant que cette émotion ne soit polluée par un événement imprévu. C’est ce qui est arrivé à mes sentiments envers l’écriture, après mon arrestation, après les violences corporelles et les insultes que j’ai subies dans la nuit du 15 Mars, lorsque les forces de sécurité ont agressé notre rassemblement pacifique, dont le but était de mettre fin à la division entre les gouvernements de Gaza et de Ramallah.
Tout au long de mon incarcération, détention ou enlèvement, appelez ça comme vous voulez, leurs questions et leurs discussions horribles tournaient autour de mon blog, de mes écrits et de mes opinions… Ils m’ont répété « que je ne serais pas l’héroïne d’un film ». Sans se rendre compte, ils ont attiré mon attention sur le fait que l’impact des mots est plus important que celui des coups qui pleuvaient sur mon épaule et sur mon corps et sur celui de milliers d’autres dans les rues. C’est peut-être leur faire trop d’honneur, mais je ne nie pas que depuis cette date la peur m’ envahit. Cette fois ça a été plus difficile que les fois précédentes, car leurs menaces me poursuivent depuis ma sortie et touchent ma vie et celle des membres de ma famille.
C’est pour cette raison que je vous avais écrit le 15 mars, « comprenez par vous-même… », avec une image qui représente une femme dont la langue est transpercée par un glaive. Depuis cette date, je ne parviens pas à revenir sur ce blog pour raconter ce que j’ai vécu…
Et c’est aussi pour ça que j’ai haï mon blog, que j’ai détesté mes billets et mon écriture, que je me suis acharnée contre ma vocation littéraire et depuis je vois mes écrits comme des serpents qui ne servent qu’à me mordre.
Il fallait alors, mes chers lectrices et lecteurs, que je me pose la question essentielle : pourquoi est ce que j’écris ? Ce sentiment pur qui me hante lorsque je pense à l’écriture, fonctionne pour moi comme une guérison, une délivrance, un salut , tout comme il me donne un espoir de bonheur en dépit de la peur, de la tristesse et de la colère. L’écriture me conduit vers la bienveillance envers ceux qui m’entourent, j’ai tant partagé avec vous. J’ai partagé mes amours, mes secrets et la vérité. Vous avez supporté mon audace et mon courage et je vous demande de supporter aujourd’hui mes peurs, mes angoisses et ma faiblesse humaine. Regardez-moi comme une mère seule qui veut protéger son fils unique avec ses faibles moyens, et à qui je n’ai pas offert grand-chose depuis sa naissance..
Je n’attends pas de vous de la compassion ou de l’admiration, simplement votre soutien, vos encouragements et votre amour, dont j’ai besoin encore plus en ce moment. Je ne suis qu’une élève à l’école de votre amour.
Depuis ce triste jour où j’ai senti la vraie douleur et l’injustice qui pousse au désespoir et qui fait douter de voir un jour les choses changer, je n’ai jamais senti le bonheur que lorsqu’on m’annonça ma nomination pour la finale du prix du meilleur blog arabe « the Bob’s », une initiative de Deutche Welle. A ce moment, j’ai senti que je ne combattais pas les moulins à vent comme Don Quichotte mais que c’est grâce à vous mes lecteurs qui suivaient mon blog tous les jours, que j’ai pu obtenir cette reconnaissance. Je suis heureuse lorsque je retrouve vos messages, qu’ils soient positifs ou négatifs. C’est le bonheur d’un premier projet accompli.
Je ne vais pas m’attarder davantage, je mets à votre disposition le lien pour voter pour moi :
Cliquez : http://thebobs.dw-world.de/en/nominations/?cat=13
1 – En haut de la page il y a un rectangle bleu à votre droite, une icône Facebook et Twitter , il faut d’abord vous enregistrer avec votre identifiant de Facebook ou Twitter pour pouvoir voter.
2 – dans le même rectangle bleu sur votre gauche il y a une case pour choisir : Best Blog Arabic
3- dans le rectangle à côté choisir : Asmaa blog مدونة أسماء الغول
Traduction du billet de :Asmaa ALGHOUL
Rewriting: Vincent M