Ce soir, comme tous les ans à pareille époque, quelques tristes malthusiens terrorisés par leur propre existence vont s’efforcer de rendre le monde plus sombre et plus dangereux pendant une heure.
Dans une sorte de gigantesque foutage de gueule que seuls les imbéciles, les cyniques ou les fanatiques religieux sont capables de revendiquer, le gang de tous les amis de Gaïa a donc décidé de se passer de courant ce samedi, à une heure donnée, pour marquer sa belle unanimité à préférer la nuit noire, les repas froids et les habitations humides.
Au passage, on notera que ces menus sacrifices sur l’autel gaïesque ne sont jamais payés de retour, tant Gaïa n’a absolument que faire des microscopiques lubies et autres foutages de gueule, donc, des humains à sa surface.
Je dis foutage de gueule, parce que je me demande exactement comment tous les peuples qui manquent cruellement d’électricité, ou n’ont pas accès à l’énergie, doivent prendre cette géniale initiative de gens riches et bien portants. Bah. Ces pauvres n’en sauront rien, de toute façon : ils n’ont pas la télé, ils n’ont pas la radio, et ils n’ont pas facebook pour savoir que certains font semblant de se passer de ce dont eux rêvent régulièrement.
Mais ce soir, vous pouvez refuser de vous moquer des pauvres. Vous pouvez, de manière simple, montrer votre attachement à l’accès à l’énergie pour tous, à un prix décent, énergie qui permet d’avoir de l’eau potable, du chauffage, de la lumière la nuit ce qui diminue concrètement l’insécurité, des facilités de communication, de déplacement, de travail moins pénible…
Vous pouvez faire une différence, et d’une façon plaisante qui plus est : ne changez rien à vos habitudes.
Ne vous précipitez pas sur le disjoncteur pour couper rageusement le courant dans tout votre foyer. Ne bardez pas votre ventre d’explosif avant d’aller vous faire exploser sur un transformateur EDF en criant « Gaïaaaaaaaaa ». Continuez simplement ce que vous faites et vous aussi, ayez une pensée charitable pour tous ces Japonais qui se caillent actuellement les miches parce qu’ils n’ont pas d’électricité.
Pour eux, Earth Hour, ce fut le 12 mars 2011, à 14:46:23 précisément, et continue depuis lors. Gaïa leur a bien fait comprendre leur taille, leur place dans l’écosystème, et la facilité qu’elle a à rayer de la carte, en quelques minutes, des douzaines de kilomètres carrés d’installations. La nature n’a aucun remord, aucune pitié, aucune limite.
A présent, vous avez le choix : vous vous aplatissez, comme tant de peuplades païennes le firent si longtemps, en pure perte, ou vous essayez de vous élever.
Et je vous rappelle le petit billet que j’avais fait, il y a deux semaines, à ce sujet, ainsi que le groupe Human Achievement Hour correspondant.