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Les questions de Monsieur Y (2)

Publié le 26 mars 2011 par Copeau @Contrepoints

Les questions de Monsieur Y (1)

Tout d’abord, Monsieur Y fait un retour sur mes réponses à ses premières questions :

1. D’abord, votre premier argument est qu’une baisse des salaires entraine la fuite des employés vers d’autres entreprises concurrentes. Mais comment garantir cette concurrence ?

Par le libre-marché ! Le seul moyen pour un individu ou une entreprise de se soustraire à la concurrence est d’utiliser le pouvoir interventionniste coercitif de l’État pour se voir attribuer un privilège.

2. Ensuite, même si la concurrence n’est pas garantie, rien n’empêche que ces personnes créent elles-mêmes leur propre entreprise. Bien. Mais comment si elles n’ont ni capital et qu’une « coalition » de grandes entreprises les empêche de s’implanter en leur refusant des prêts par exemple ? Ou bien en ne leur fournissant pas de matières premières ou alors trop cher dans le cas de ressources contrôlées par des monopoles ? De plus, une nouvelle entreprise a souvent du mal à être aussi compétitive que de grands groupes qui peuvent répercuter les cout de R&D sur leurs nombreuses ventes.

Encore une fois, l’intervention de l’État sur l’économie et sur la monnaie crée ces problèmes. Les monopoles sont impossibles sur un véritable libre-marché.

3. L’accroissement exponentiel de la population ne peut que faire tendre le salaire à la baisse pour tous les travaux ne nécessitant pas de compétence. Les personnes ne pouvant pas avoir accès à une formation indépendamment de leur volonté verraient donc leurs salaires diminuer jusqu’à devenir de simples bêtes de somme, et pour celles n’ayant pas de travail ce serait simplement la mort.
Par ailleurs, dans cette course à l’emploi où ces personnes se battraient pour avoir un salaire même minimal, certaines seraient même tentées de ne pas songer à épargner pour leurs retraites. Quelles seraient donc les solutions pour éviter cela ? Ou alors cela n’est que la simple optimisation du système, là où les personnes inutiles sont simplement éliminées ?

Premièrement, la population ne croît pas de façon exponentielle ! Au contraire, le rythme de croissance de la population mondiale ralentit depuis plusieurs décennies. Deuxièmement, un accroissement de l’écart salarial entre les emplois de faible compétence et les emplois de haute compétence ferait augmenter l’incitatif à acquérir des compétences et ramènerait le marché du travail en équilibre. Une politique telle que le salaire minium est très dévastatrice à cet égard en réduisant artificiellement cet écart.

4. Néanmoins, j’aimerais vraiment avoir votre avis sur la question d’un revenu de base ! J’entends bien par là une somme fixe donnée à chaque citoyen pour garantir sa subsistance. Avec celle-ci, chaque individu pourrait librement s’investir dans une formation sans avoir besoin d’un apport externe tels qu’une épargne ou un prêt, s’investir dans des valeurs non-marchandes et aurait le pouvoir de négocier au mieux son salaire, celui-ci ne pouvant pas être simplement alimentaire (comprendre : simplement choisi pour survivre). Les travaux dits pénibles et ne demandant pas de compétences élevées seraient donc bien rémunérés face à un travail simple et facile. Quelle est votre opinion sur ce revenu de base ? Quelles en seraient d’après vous les répercussions ?

Je ne suis pas en accord avec le revenu de base. Il implique de saisir de force la propriété des uns pour la remettre à d’autres, qui obtiennent par le fait même un incitatif à ne rien produire. Est-ce que ce système serait préférable au système actuel, en permettant d’éliminer de la bureaucratie et en réduisant la complexité des nombreux programmes sociaux ? Peut-être. Mais tant qu’à implanter un changement révolutionnaire, je préférerais y aller d’un système libertarien.

5. L’exemple de l’androïde est là pour rappeler que le progrès technique permet de plus en plus de remplacer le travail de l’homme par la machine. Or aujourd’hui, pour vivre il faut de l’argent, pour avoir de l’argent il faut un salaire, pour avoir un salaire il faut un travail ! La productivité ne cessant pas d’augmenter permet de gagner du temps, et ce temps peut être réinvesti soit en temps libre, soit en salaire, soit en encore plus de produit. Je pense que nous tendons vers un monde de plus en plus productiviste et donc consumériste où il devient normal par exemple d’avoir des produits avec une obsolescence programmée toujours dans le but de pouvoir vendre beaucoup de produits/services et chers ! Je n’y vois pas l’optimisation que j’attends aussi d’un monde meilleur. Qu’en pensez-vous ?
Peut être n’avons-nous plus de soucis de production, mais simplement de distribution du temps de travail et des richesses !

Les questions de Monsieur Y (2)
Je ne crois pas au mythe des produits à obsolescence programmée, du moins pas sur un libre-marché. Pour vivre il faut de l’argent et pour avoir de l’argent il faut produire quelque chose de désirable pour la société. Personne n’a l’autorité morale nécessaire pour redistribuer la richesse à sa guise. Nous sommes les propriétaires légitimes du fruit de notre labeur et devrions en disposer comme bon nous semble.

Monsieur Y enchaîne ensuite avec de nouvelles questions :

6. Que pensez-vous de la panarchie ?

Dans une panarchie, chacun est libre de joindre le système de son choix. Cependant, ce système est voué à l’échec puisqu’il est évident que les plus productifs joindront un système plus libertarien alors que les dépendants de l’État choisiront un système plus socialiste. Or, comme ils ne produisent rien, les membres du système socialiste ne disposeront d’aucune richesse à redistribuer ; le système s’effondrera donc de lui-même ! La réalité est que les étatistes ont besoin de productifs à qui s’approprier la richesse pour financer leur subsistance.

7. La propriété est un droit inaliénable de l’homme : lorsque je travaille, il est normal que j’ai un droit sur le fruit de ce travail. Néanmoins, la terre (au sens de terrain) n’est fabriquée par personne, c’est un bien de la collectivité autant que l’air et la haute mer. Les premiers titres de propriété sont donc issus d’un vol du bien collectif par des intérêts particuliers. Toute terre vendue aujourd’hui peut donc être considérée comme du recel, les vendeurs s’échangeant depuis des siècles des titres de propriété illégitimes. La propriété reste légitime pour ce qui peut s’acquérir par son travail et qui est renouvelable. Par contre, tout ce qui existe en quantité finie et déterminée et n’est pas créée par le travail doit rester propriété de la collectivité. Que pensez-vous de cette réflexion ?

J’ai déjà traité de cette problématique dans mon article sur le principe du « homestead ». Bien entendu, selon ce principe, beaucoup de titres de propriété actuels seraient considérés illégitimes !

8. Dans un monde meilleur où toute relation entre homme est libre et voulu, le mérite a-t-il sa place autant que la liberté ?
Là où des hommes produisent et s’échangent des services et biens, est-il légitime qu’une partie de la population s’approprie petit à petit le capital par héritage, simplement parce que ces individus restent libres de pouvoir le faire ? Pourquoi un fils d’un homme riche peut-il profiter d’une grande partie des biens et services proposés par le simple fait d’hériter de la fortune de son père ? Un homme ne peut profiter de la richesse créée par l’humanité seulement si celui-ci y participe en retour. Il convient donc que l’héritage est illégitime : cette richesse confisquée doit donc être également répartie entre les hommes qui peuvent en profiter pour l’épargner comme ils le souhaitent, le faire fructifier, l’utiliser pour se former, se cultiver… Chaque individu devra donc œuvrer pour l’humanité si celui-ci souhaite pouvoir profiter du travail des autres. N’est-ce pas une source d’innovation ?

Si nous sommes les propriétaires légitimes du fruit de notre labeur, nous devrions avoir le droit d’en disposer comme bon nous semble à notre mort. Et comme cette richesse a déjà été taxée, il n’y a aucune raison valable pour que celle-ci soit sujette à l’impôt, sinon c’est de la double-taxation. L’extorsion des héritages par l’État pour financer sa bureaucratie gourmande n’a rien à voir avec l’innovation.


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