La gardienne et moi en pyjama et Rufus Wainwright aussi

Un samedi de mars à Paris, j’achève la lecture d’un roman⁽¹⁾. Ce matin, j’ouvre ma fenêtre à la douceur du printemps. Quelques cafés plus tard, j’entends une voix qui m’appelle. C’est la gardienne de l’immeuble. Qui me tend un paquet⁽²⁾ par la fenêtre. Au rez-de-chaussée, oui, car elle n’a des jambes ni de 4 ni de 10 mètres. La gardienne m’a vu en pyjama⁽³⁾, ça c’est fait. En guise d’étrennes qu’elle n’a pas eues car j’ai récemment emménagé, je lui donne un pot de confiture de pêches du jardin. Elle prend gentiment congé, non sans me gratifier d’un sourire et d’un « nous partons une semaine au Portugal, si vous avez d’autres colis, c’est mon gendre qui les réceptionnera ». Si le gendre est aussi charmant que le sourire de sa belle-mère est avenant…
Les bras chargés de courses (pour ne pas dire le caddie à roulettes qui me donne un air de mamie parisienne), je croise rue Daguerre une tortue sur le seuil du restaurant réunionnais. Elle dodeline de la tête et s’en retourne aux cuisines, oublieuse du regard amusé des passants.
Je mets le champagne dans le vase et les fleurs au frigo et j’écoute la voix d’ange de Rufus Wainwright. (Isabelle, la prochaine fois que tu vas voir le beau Rufus en concert, je t'ordonne de m'y emmener.)
(le son n’est sans doute pas parfait (montez le volume) mais ça vous donnera une petite idée du duo improvisé par le merle de la rue Daguerre et Rufus Wainwright) … Quand j’ai cessé d’écouter « All Days Are Nights: Songs For Lulu », le merle s’en est allé siffler auprès d’un autre compère.

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⁽¹⁾ « Entre ciel et terre » de Jón Kalman Stefánsson (merci Eric M pour le cadeau) – rarement roman m’avait tant ému. Chapeau à Eric Boury pour la traduction (lire son blog)
⁽²⁾ Les truculents « Le Ours » et « Antimatière » de Jérémie Kisling (merci Jean-Luc pour le cadeau)
⁽³⁾ Pyjama à carreaux, carreaux dont Karelle me voit souvent affublé, je n’y peux rien si mes origines de plouc me transforment en damier