Je viens de lire deux articles très inspirants de Cachemire et soie. Son univers poétique me touche, et ce matin me bouleverse particulièrement. Je me permets d'en extraire les premières lignes pour vous donner envie de la découvrir. "On passe notre vie à courir. Vers ces rêves qu’on s’est juré de réaliser un jour et nos petits espoirs plus immédiats. Tant pis si tout cela ne va pas dans le même sens. Pour corser les choses, on passe notre temps à se mettre dans les pattes de nouveaux défis. Le plaisir, il paraît, de se sentir vivant. On a beau jurer le contraire : tous les œufs sont dans le même panier, maintenus dans un équilibre précaire. Et l’on sait qu’il faudra bien en casser un ou deux pour espérer amener tous les autres à bon port. Mais d’ailleurs, c’est où exactement Bon Port?..."
Depuis deux jours (ça me fait toujours ça en période de bilan comptable), je navigue en pleine tempête. Mes jours sont des luttes et mes nuits sont sans répis. Je dois, telle l'accusée sur sa chaise, répondre aux assauts de questions existentielles et stratégiques qui me traversent. Je cours. Je cherche. Je calcule, comme si derrière les chiffres il y aurait des réponses pragmatiques, des vérités indiscutables enfin, pour faire taire ces interrogations.
Les épuisants "pourquoi". Les navrants "parce que".
Je me demande comment je peux avoir un jour le recul nécessaire et le lendemain l'aveuglant brouillard. Un jour la foi, le lendemain le doute. Moi contre moi, suis-je à jamais mon adversaire ?
Et même si c'est pas vrai, même si je mens, si les mots sont usés, légers comme du vent, je te promets un moment... Les textes de chansons à ma rescousse, comme des prières, des promesses de l'au-delà, comme au bon vieux temps des berceuses de ma grand-mère..."On ne peut voir la lumière sans l'ombre ma chérie... On ne peut percevoir le silence sans le bruit ma chérie..."
Allé, je vous ressors un texte que j'ai écrit il y a bientôt trois ans. J'aimerai bien que quelqu'un le mette en musique pour qu'il se décolle de moi définitivement. Et vivement que je vous sorte mes textes drôles sur les moustiques...
Au seuil de ma porte, tes yeux brillants
Tu te retires comme la vague
Et tu emportes tout mon bonheur
Tu vides ma vie de tant et tant
Le temps s’écoule comme du sang.
Je chante de là
Où tu n’es pas
Entends-tu le lalalala
De l’au-delà ?
En deuil à ma porte, je t’attends
Je garde ce qui reste de toi dans mes poches
Je brode ton nom dans mes sous-vêtements
Le souvenir de tes yeux brillants à ma porte
Me brûle jusqu’au sang.
Je chante de là
Où tu n’es pas
Entends-tu le lalalala
De l’au-delà ?
Mon œil collé à ma porte, je me mens
Je cherche les signes, j’invoque les esprits
Cet air que tu fredonnes c’est moi
Ce courant d’air qui claque ta porte c’est moi
Ton verre qui se brise et te coupe jusqu’au sang.
Je chante de là
Où tu n’es pas
Entends-tu le lalalala
De l’au-delà ?
En deuil à ma porte, je t’entends
Aussi loin que tu puisses être
Aussi loin de moi
Je t’entends penser quand tu ne m’aimes pas
Le mal de toi bourdonne dans mon sang
Je chante de là
Où tu n’es pas
Entends-tu le lalalala
De l’au-delà ?