Est-ce de la peinture ou de la photographie ? Et quelles formes énigmatiques y perçoit-on ? Les grands formats de Thibault Hazelzet sont des Autoportraits (à la galerie Christophe Gaillard jusqu’au 23 avril), mais ce sont des autoportraits où le sujet semble être pris entre deux couches de peinture, dans un infra-mince entre peinture et photographie, entre positif et négatif. Ainsi son corps disparaît partiellement, victime de l’inversion des couleurs, et de l’oblitération de la peinture sur son visage; on ne distingue vraiment que les manches du manteau (blanc) qu’il portait. Le procédé est original, mais simple : une photographie de lui sur un fond peint, puis une nouvelle peinture par-dessus et une surimposition d’une deuxième prise de vue, mais dont on ne montre que le négatif, avec toute l’incertitude sur les couleurs qu’on obtiendra, et les imprévisibles accidents. Et la peinture est badigeonnée à grands traits, dégoulinante, avec aspérités et coulures, créant un effet brut, sommaire, allant à l’encontre du souci de représentation.
Au-delà de ces ambiguïtés entre peinture et photographie, entre autoportrait et invisibilité, Thibault Hazelzet accomplit un geste singulier : chacune des ses pièces est unique, tirée à un seul exemplaire. A l’ère de la reproduction mécanique, c’est une tentative de recréer une aura, et qui plus est, de le faire délibérément sur une représentation dérisoire du réel, une pure image mentale.
Lire la critique de Muriel Berthou Crestey (à qui j’ai volé le titre sans autorisation).
Photos courtoisie de la galerie.