Il faut que la foi de Dieu présent dans le fond de nos cœurs nous porte à nous enfoncer fortement en nous-mêmes, recueillant tous les sens au-dedans, empêchant qu'ils ne se répandent au-dehors.
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L'âme par le moyen du recueillement se tourne au-dedans d'elle, pour s'occuper de Dieu qui y est présent.
Qu'arrive t-il à cet enfant qui avale doucement le lait en paix sans se mouvoir ? Qui pourrait croire qu'il se nourrit de la sorte ? Cependant plus il tête en paix, plus le lait lui profite. Que lui arrive t-il dis-je à cet enfant ? C'est qu'il s'endort sur le sein de sa mère : cette âme paisible à l'oraison s'endort souvent du sommeil mystique où toutes les puissances se taisent.
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Le silence extérieur est très nécessaire pour cultiver le silence intérieur ; et il est impossible de devenir intérieur sans aimer le silence et la retraite.
Ce serait peu de faire oraison et de se recueillir durant une demi-heure ou une heure, si l'on ne conservait par l'onction et l'esprit d'oraison durant le jour.
C'est donc une action, mais une action si noble, si paisible, si tranquille, qu'il semble à l'âme qu'elle n'agit pas, parce qu'elle agit comme naturellement.
Madame Guyon, Justification du moyen court, III, p. 1-3