Les madames, les mères, les matantes, les putes, les filles, les gurdas, les vierges, les grands-mamans, notre vision de toute ses incarnations de femmes ont été sous le projecteur cette semaine.
M. Baillargeon a un certain courage. Aborder le thème féministe/matantisation/castration de l’auditoire c’est comme discuter de l’Holocauste. Abordé de n’importe quel angle, un homme se fera ramasser, chiffonner et jeter aux vidanges.
Ce qui est plus drôle encore c'est que les matantes se sont senties visées. 'zont crié. Mais le Baillargeon, il a pourtant dit beaucoup de vrai.
Moi les femmes je les aime. En vrai, en faux, en pantalon ou en jupe. Au bureau, en vélo, au lit ou au sommet de la compagnie.
Je les aime toujours comme mon égal. Il faut donc alors accepter qu'elles soient aussi différentes!
Oui elles m'agressent des fois, mais je sais que je les agresse tout autant et souvent.
Je sais que les hommes, avec un petit h, les agressent au sens tristement propre comme au sens figuré, depuis toujours.
C'est de bonne guerre et de guerre lasse en même temps que de s'attaquer à l'espace intellectuel amené par les femmes.
S'offusquer de le Célination du Québec c'est un peu comme se plaindre des taxes. Ça tourne à vide.
C'est comme la marche contre la brutalité policière. Un swing dans le beurre.
Comme le texte de Baillargeon était dirigé vis-à-vis d'un certain type de femmes, voici quelques portraits d'autres femmes, dirigés de la lunette de cinéastes que j'ai aimé(des hoooooooooomes ben oui, c'est encore un monde d'homme...)
La femme servile.
France. 1967. La plastique Catherine s'ennuie auprès de son mari. Jean Sorel, dont la principal qualité d'acteur est d'être beau, joue ici un docteur fort occupé en journée. Deneuve, auprès de laquelle Yves Saint-Laurent avait compris le placement de produit avant tout le monde, traverse ce film comme une statue. Toujours avec ce visage de jeune femme se retenant de ne pas rire quand on lui tire de la boue au visage. De jour, elle devient au service de ses messieurs. "parce que je ne peux vivre sans ça". "Ça?". L'argent? Le sexe? Kessel, Carrière et Bunuel sont coupables de fanstame masculin transposé chez la femme. Deneuve de passivité. Piccoli a cette tête de vieux qu'il a depuis toujours, Pierre Clémenti, une tête de 2011 en 1967. Une idée assez réductrice de la femme française.
Les femmes seules:
États-Unis. 1977. Toujours fascinantes Sissy Spacek et Shelley Duvall. La première exceptionnellement attirée par Mildred/Shelley Duvall, la seconde, parfaitement desespérée et à la recherche d'attention autant au féminin qu'au masculin. Willie/Millie, mirroirs au travers de la piscine, au travers de personalité qui, à prime abord semblent très éloignées l'une de l'autre mais qui sont toutes deux reliées sur la même île de la solitude. Deux incarnations de la non-existence. Fans de Lynch (pour Mullholland Drive, aussi mystique et sur le même registre), fans de Bergman (pour Persona, ouvertement évoqué), fans de réalisateur sachant donner des rôles intéressants aux femmes, découvrez Altman-le-magnifique tournant l'intimité de deux femmes aux personalités fragmentées qui glissent vers la folie de l'isolement social. Intoxiquant et hanté. Musicalement dérangeant à l'oeil et à l'oreille.
Spacek et Duvall sont immortelles ne serais-ce que pour ce seul film.
La femme manipulatrice.
États-Unis, 2006. Toutes les actrices sont des menteuses par nature. Chloé Sévigny a le visage parfait de la fille traitre. Je l'adore pour sa paupière lourde mais surtout pour le choix de ses projets. Dans Big Love c'est par elle qu'arrive la zizanie, dans Boys Don't Cry c'est aussi par l'instabilité de son personnage que le drame éclate. Lunatique dans American Psycho, territoriale dans Broken Flowers, dans Lying, elle invite quatre de ses amies, et nous spectateur, dans la confrérie des petites traitrises entre amies. Brillante et toujours sous-utilisée Jena Malone, solides Leelee Sobieski, Halley Wegryn Gross et Maya Goldsmith. Bravo à M. Blash, issu du vidéo, pour cette délicieuse incursion chez les femmes. Film puissamment organique.
La femme intelligente.
Canada, 2007. Être une fille je voudrais être Ellen Page.J'ai déjà son indépendance. Lorsqu'elle fût nominée aux Oscars pour Juno, quand la caméra a montré son visage au passage de son nom parmi les nominées de la meilleure actrice de l'année 2007, elle a fait cette adorable face de fille qui sait très bien qu'un groupe de vieux ricains ne ferait certainement pas gagner une petite canadienne d'Halifax. Sa moue, flattée et boudeuse à fois, disait "Zêtes ben twit de m'avoir invitée à votre fête de douchebags..." Dans Smart People, elle joue la fille trop intelligente d'un professeur universitaire trop intelligent. Il est systématiquement impossible de ne pas tomber amoureux de Page. Son rôle est brillamment écrit par Mark Poirier mais il est aussi joué de manière très parfaite, toute en subtilité, par une jeune fille que je soupçonne, justement, très intelligente.
Ellen Page, dans sa vie de tous les jours, a le sommeil si agité que non seulement elle jase une bonne partie de la nuit mais elle marche aussi dans son sommeil. J'ai aussi le sommeil extrèmement agité. Vous réalisez qu'outre mes 5 pieds 10, ma barbe aux trois jours, ma gloire du matin et le fait que je ne porte pas de jupe, je suis déjà Ellen Page? (Laissez tomber cette idée vous n'aimerez plus Ellen Page)
Je vous parlerais bien de la femme parfaite mais on pourrait me la voler...
Je me garde donc une petite gêne et retourne l'embrasser. :)