Continuons à piger dans le tiroir aux souvenirs avec cet article de notre ami français Domanick43 portant sur un match épique des années 80...
Ce 31 décembre 1988, le public du Soldier Field et les téléspectateurs de CBS ont du se sentir un peu lésés. Non pas que le spectacle n’ait pas été au rendez-vous, loin de là, puisque ce match est présenté par les observateurs comme LE choc de la semaine, mais plutôt car la fin n’était pas celle escomptée. La faute à qui ? Au brouillard et à une décision peut-être obligatoire, mais pourtant frustrante…
En effet, cette belle affiche voit s’opposer deux mastodontes dans cette finale de Division: les Bears de Mike Ditka et les Eagles de Buddy Ryan, deux Coaches mythiques des années 80. Avec son bilan de 12-4 et l’avantage de recevoir – les Eagles n’ont jamais battu les Bears au Soldier Field – les Bears partent bien entendu favoris, même s’ils doivent se méfier des Aigles et leur fiche de 10-6, durement acquise aux dépends des New York Giants. De plus, le public va voir évoluer un parterre de stars : « Samouraï » Mike Singletary, Dan Hampton et Jimbo Covert pour Chicago, Randall Cunningham, Reggie White et Eric Allen pour Philadelphie.
Chicago ouvre les hostilités en marquant en premier, le Quarterback Mike Tomczak se connectant avec le WR Dennis McKinnon pour un TD de 64 verges. De son côté, Philadelphie tente de rester à flots, mais l’opération ne se passe pas sans erreurs. C’est tout d’abord le Kicker Luis Zendejas qui manque un Field Goal de 43 verges après un bon Drive de Randall Cunningham. Fort heureusement, le Linebacker Seth Joyner intercepte une passe de Mike Tomczak et permet aux Aigles de reprendre la gonfle (NDLR: de la gonfle, he he) et d’inscrire ses premiers points sur un FG de 42 verges. Mais voilà, c’est aussi le match des occasions perdues pour Phila qui réussit avant cela à franchir par 2 fois la ligne deux buts… mais qui par deux fois verra son TD annulé en raison de pénalités mal venues mais a priori incontestables.
Au début du deuxième quart, nous en sommes à 7-6 pour les Bears. A ce moment, un léger brouillard commence à faire son apparition à l’intérieur même du Soldier Field. Il reste relativement épars et le match peut se poursuivre tout à fait normalement. Neal Anderson ajoute d’ailleurs un autre TD sur une course de 4 verges après un bon drive de Tomczak et le match est assez plaisant à suivre. Après un coup de pied réussi par chaque équipe, le score est de 17-9 à la mi-temps
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Cependant, au retour des vestiaires, la situation a considérablement évolué. Comme dans le film de John Carpenter, « The Fog » – un brouillard dense et impénétrable – est désormais tombé d’un seul coup sur la ville, et bien entendu sur la pelouse. Il s’agit apparemment d’un phénomène météorologique rare et quasi inexplicable. Quoi qu’il en soit, au bout de quelques minutes de jeu, plusieurs joueurs viennent se plaindre à l’arbitre lui expliquant qu’ils ne peuvent même plus voir la Sideline ou le First Down Marker, un désagrément de taille dans un match d’une telle importance. Les joueurs les plus touchés sont bien sûr le QB qui ne peut quasiment plus distinguer ses cibles et les receveurs, pour qui il est encore plus difficile de voir le ballon partir des mains de leur maître à jouer. Les passes longues sont donc très compliquées à compléter…
Pourtant, durant la deuxième mi-temps, Randall Cunnigham continue à jouer par la voie des airs, tandis que les Bears s’appuient eux presque uniquement sur leur jeu de course emmené par Neal Anderson et Thomas Sanders. Néanmoins, aucune des deux équipes n’est capable de faire avancer correctement le ballon et elles doivent d’ailleurs se contenter d’un FG chacun durant cette deuxième mi-temps. Les conditions climatiques sont si dantesques que l’arbitre principal, Jim Tunney, se voit ans l’obligation d’annoncer le Down et la distance à parcourir avant chaque snap. Les fans et les commentateurs télé et radio n’y voient goutte et ne sont pas sûrs de leurs annonces, les joueurs se révélant être de simples ombres… On peut donc entendre des phrases du genre : « The ball is… intercepted I believe ! I can’t see it !».
Dans le courant du dernier quart-temps, et devant la situation, l’arbitre principal se voit dans l’obligation d’arrêter purement et simplement le match. Interrogé sur le sujet, il dira y avoir été contraint car les officiels n’y voyaient strictement plus rien, ni les joueurs, ni le ballon, ni le marquage au sol. A l’arrivée, c’est donc un score final de 20 à 12 qui qualifie les Bears pour le tour suivant.
De leur côté, malgré les conditions, les Eagles ont vraiment l’impression d’avoir été volés – ou du moins maudits – puisque, brouillard ou pas, ils avaient encore une occasion de revenir au score ! Terry Bradshaw, qui commentait le match pour la télévision aux côtés de Verne Lundquist, dira après le match qu’il a ressenti ce jour là la plus grande frustration de sa carrière. Une frustration encore plus forte que lorsqu’il était joueur…
Malgré tout, Randall Cunnigham finira tout de même le match avec 407 verges à la passe, ce qui est assez remarquable compte tenu des conditions, mais se fera également intercepter à 3 reprises, tout comme Mike Tomczak qui concédera lui aussi 3 interceptions à la défense adverse. Mais qui pourrait les en blâmer dans une telle purée de pois ? Quoi qu’il en soit, et malgré le côté épique de la rencontre, il reste encore aujourd’hui un énorme sentiment de déception et d’injustice, car les Eagles avaient cette année-là une équipe capable de sortir d’une plus belle façon…