Par contre, je commence à délaisser Mass Effect, ce qui n’est pas très bon signe. D’autant que le jeu m’a beaucoup séduit et que j’aime énormément son ambiance. A son sujet, ll faut lire d’ailleurs l’article de Montagnana sur Chronicart.com, il vise juste. Mais sur le site, pas sur le mag. C’est même plutôt drôle de voir comment libéré des contraintes du mag il ose s’étendre dans ses chroniques sur le site. Du coup il y a presque quelque chose de plus intime, personnel, confidentiel. Bref, Mass Effect, un space opera en gros plan donc. Je suis fasciné par la propension que prennent les dialogues, qui sont sans doute les passages les plus intéressants du jeu. Il me semble qu’une telle utilisation est inédite. A partir de là on pourrait presque imaginer une adaptation de Shakespeare, un Othello revisité en jeu vidéo. Personne n’ose finalement utiliser le théâtre ou la littérature, sauf par de timides références ou bien pour les âneries de Tom Clancy servi par l’éternellement médiocre Ubi Soft. Je ne sais pas si il faut s’en plaindre, sûrement que non, mais il y a certainement des rencontres à faire qui parfois pourrait enrichir nettement les choses. L’un des problèmes du jeu vidéo c’est son complexe d’infériorité, ou bien cette perversité du geek qui place sa pop culture parfois un peu minable en puissance suffisante. Le jeu vidéo est trop souvent fabriqué par des gens concernés par le jeu vidéo, qu’ils soient techniciens ou concepteurs. Il faudrait plus de fusions inédites. Je pense notamment, ce n’est pas très récent, à Cornelius (le musicien pop japonais) sur Coloris, le puzzle game fabuleux de la gamme GBA « bit generation ». Mais là encore c’est trop évident, un musicien c’est trop facile. Il faudrait carrément La recherche du temps perdu en jeu vidéo, qui sans doute bien plus que le cinéma serait à même de reproduire la construction et la pensée du livre. Mais personne n’ose faire ça, parce que le jeu vidéo, par essence, est tiré par le bas, par la masse et sa médiocrité. C’est le problème et la force du jeu vidéo, il lui manque une véritable élite de concepteurs (pas de joueurs, puisqu’ils existent, on appelle ça les hardcore gamers). Des sortes d’aristocrates du jeu vidéo qui auraient l’argent, beaucoup, et s’en foutraient de le dépenser, encore moins de plaire ou déplaire, d’être rentable ou pas rentable. Le jeu vidéo entretient trop souvent la libido des masses pour entretenir le train de vie de ceux qui les font. Et son problème au fond n’est jamais le joueur, uniquement ceux qui font des jeux. Il y a des contre-exemples, Ueda par exemple, qui a trouvé en Sony une sorte de mécène comme il y en avait pour les peintres. D’ailleurs, on peut presque dire que malgré toutes les griefs qu’on peut faire à Sony, qu’ils sont à peu près les seuls à reprendre ce rôle de mécène. Little Big Planet semble aussi aller dans cette voie. On ne manque pas d’indépendants, encore moins de marginaux ou d’originaux, seulement d’une élite offrant à la masse une possibilité supplémentaire d’accroître ses possibilités. Mais inutile d’aller plus loin, le tableau n’est pas si noir que ça et les expériences sont encore promises à de beaux jours dans les conditions que nous connaissons malgré les contraintes que connaissent aujourd’hui les studios avec le développement pesant sur les dernières consoles (d’où l’utilité des mécènes). En attendant, on continue de jouer et l’année promet d’être assez passionnante.
JD