Several Shades of Why
Sub Pop
États-Unis
Note : 7/10
par Mathieu Saint-Jean
Alors que l’on attend avec impatience le nouvel album de Thurston Moore réalisé par nul autre que Beck, J Mascis nous surprend avec la parution de son premier album solo Several Shades of Why. Ce premier album solo, il souhaitait le lancer depuis plusieurs années, mais il ne cessait de le repousser en raison de ses autres projets. Premièrement, nous avons eu droit au retour de la mouture originale des Dinosaur Jr., et ensuite Mascis a formé Sweet Apple avec des membres de Cobra Verde et de son projet Stoner Witch. Cette union aura amené la parution un album plutôt tiède en 2010. Voyant que Lou Barlow reprenait la route avec Sebadoh (de passage à La Sala Rossa le 7 avril), il s’est finalement cloîtré en studio à Amherst afin de peaufiner ses nouvelles compositions.
Il reprend là où il nous avait laissé en 1996 avec Martin+Me. Un enregistrement devant public qui nous permettait de découvrir une nouvelle facette de cet éternel adolescent. Seul avec sa guitare acoustique, il y reprenait certaines pièces de son groupe culte en plus de s’y approprier quelques pièces qui l’avaient influencé à travers les années. Pour tous ceux qui avaient été déçus par l’implication majeure de Barlow sur Farm (qui sonnait énormément comme b par moment), c’est avec plaisir que vous y retrouverez la nonchalance légendaire de Mascis sur ce premier opus. Dès les premiers morceaux de Several Shades of Why, on réalise que sa voix (ou ses lamentations) se prête aussi bien à la guitare distorsionnée de ses autres projets qu’à la guitare acoustique qui règne dans ce cas-ci. Mascis se montre même festif sur Not Enough, une pièce qui n’est pas sans rappeler le travail d’Eddie Vedder sur la bande sonore d’Into the Wild (Sean Penn, 2007). Sinon, on le retrouve avec des mélodies qui auraient facilement pu figurer sur les parutions des Dinosaur Jr. au début des années 90 (période où il avait poursuivi l’aventure seule après avoir montré la porte à Lou Barlow et Murph).
Au final, Mascis nous offre un album honnête et introspectif. Un album satisfaisant, mais qui manque de couleurs et de variétés par moment. Et ce, malgré le nombre impressionnant de musiciens qui lui ont rendu visite en studio durant l’enregistrement : Kurt Vile, Pall Jenkins (The Black Heart Procession), Sophie Trudeau (Thee Silver Mt. Zion)… Un beau moment pour les fans de Mascis, mais je doute qu’il puisse attirer l’attention d’un nouveau public. De toute façon, je doute qu’il souhaitait une telle chose! Dans le genre, on risque plus de surchauffer son iPod avec le nouveau Kurt Vile (Smoke Ring for my Halo) ou Six Organs of Admittance (Asleep on the Floodplain).