Par Catherine
Le Musée du Louvre s’implique pour l’art vivant et multiplie les confrontations contemporaines, à voir, à entendre avec les sculptures de Tony Cragg, les bustes de Messerchmidt, et une conférence ce soir !
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Certains « temples » de l’art contemporain n’ont pas encore eu droit à un écrit de notre part, et voilà que nous vous proposons un nouvel article sur le plus grand et le plus notoire des musées parisiens : le Louvre ! Plusieurs raisons à cela, le Louvre ouvre ses portes à un art -et un discours- terriblement « contemporains », s’il n’en est plus à son coup d’essai : il n’en garde pas moins l’image d’un espace réservé à un axe historique -certes large- mais bien loin d’approcher de tout ce qui à trait aux arts d’aujourd’hui.
Face-à-face visuel… jusqu’au 25 avril.
Tony Cragg : le choc des sculptures…
L’œuvre de Tony Cragg investit tout d’ abord la colonne centrale de la pyramide puis de façon subtile les cours Marly et Puget avec cinq de ses sculptures.
© Tony Cragg, Sharing, bronze, 2005
© Tony Cragg, Elbow, bois, 2008
© Tony Cragg, détails des oeuvres présentées dans les cours Marly et Puget.
En 2008, l’artiste exposait au Belvédère à Vienne une série basée sur la notion de « visage », déjà associée à cette époque au travail d’un sculpteur obsédé par la chose, un sculpteur d’un tout autre temps, l’allemand Franz Xaver Messerschmidt (1736-1783) ! Bien qu’il soit de prime abord fort peu évident de voir les liaisons entre les deux artistes…
Messerschmidt : Rictus intemporels
Ses très expressifs faciès grimaçants, barrés de rictus improbables franchissent le temps pour arriver ici sur ce blog dédié à la création contemporaine. Que dire si ce n’est que nous ne sommes pas les seuls à penser qu’en effet, ces bustes méritent quelques écarts de ligne éditoriale (pour ne plus en douter : allez donc lire La folie en son Royaume de Christelle sur le site lifeproof.fr) Les expressions stylisées à l’extrême donnent à ses bustes l’impression qu’ils sont habités, vivants, trop pour se laisser figer de la sorte pour l’éternité.
De gauche à droite : L’Artiste tel qu’il s’est imaginé en train de rire, 1777-1781, Étain ; L’Homme qui bâille - 1771-1781, Étain et L’Homme renfrogné - 1771-1783 – Albâtre tacheté.
L’homme de mauvaise humeur
Face-à-face auditif… Ce soir !
Point de boudeuse* pour le face-à-face réunissant deux figures de proues de l’art libanais -Walid Raad et Jalal Toufic- mais bel et bien l’assise confortable d’un indiscret**, permettant ainsi d’accueillir dans cette conversation le célèbre critique marocain Omar Berrada.
Walid Raad
Artiste plasticien de renommée internationale parmi les plus importants du paysage artistique du Moyen-Orient, travaille depuis de nombreuses années à matérialiser au travers de plusieurs médias (photographies, vidéos, essais critiques) les témoignages liés à la guerre du Liban. Né en 1967 au Liban, très jeune il a connu les conflits guerriers.
Ce traumatisme l’amène à fonder en 1999 un collectif d’artistes « l’Atlas Group » dont la mission est de collecter et de préserver un maximum de documents afin de témoigner de l’histoire récente du Liban et de permettre une « écriture » de la guerre. Il participe ainsi avec l’aide de son groupe à la création de la mémoire historique. Comment représenter un pays en guerre, comment définir les frontières entre la représentation artistique et la représentation historique ? Ces questionnements constituent le noyau de ses recherches. Par le biais d’une technique photographique il engendre une réflexion sur les chevauchements du document et de la fiction. Son travail se poursuit dans un projet artistique autour de l’histoire de l’art moderne et contemporain dans le monde arabe.
Jalal Toufic
Voit le jour en 1962 au Liban. Cinéaste universitaire, artiste penseur, écrivain (il s’exprime en anglais) figure influente du paysage artistique libanais, il œuvre à la mémoire des guerres civiles. Il procure la matière provoquant et stimulant la réflexion sur le rôle de l’image dans l’histoire des régions du Moyen-Orient subissant des conflits destructeurs de la mémoire tant collective qu’individuelle. Il met la modernité au service du travail de commémoration et des traditions arabes.
Omar Berrada
Né en 1980 à Casablanca au Maroc, occupera la troisième place du fauteuil, autrement dit jouera le rôle de « l’indiscret » ! Paradoxalement (ou pas !) c’est par le biais d’un cursus scientifique (polytechnicien) qu’il devient littéraire.
Il définit lui-même ces face-à-face comme « des tête-à-tête intimes en public ».
Walid Raad et Jalal Toufic, tous deux investis dans le témoignage artistique des moments douloureux de leur pays, le Liban, ont commencé leurs échanges en 1992.
Ils essaieront en compagnie d’Omar Berrada qui leur servira de guide, de définir leurs lignes convergentes à propos de la tragédie immense et des «images-fantômes » qui en découlent dans l’histoire contemporaine.
Gageons que ce face-à-face sera à la fois intime, chaleureux et passionnant tout autant que ses participants. Le Louvre offre à ces artistes libanais un espace d’expression le vendredi 25 mars à 20h à l’auditorium. Entrée libre, places limitées : Ce soir !
Faces à faces à l’Auditorium du Musée du Louvre
Vendredi 25 mars à 20hEntrée libre dans la mesure des places disponibles par la pyramide, le passage Richelieu ou les galeries du Carrousel.
Les sculptures de Franz Xaver Messerschmidt et de Tony Cragg, sont également à découvrir au Louvre jusqu’au 25 avril.
*siège à 2 places
**siège à 3 places