Les accidents nucléaires les plus graves de l’histoire

Publié le 24 mars 2011 par Laplaceverte

Depuis le 11 mars, le tsunami qui a frappé le Japon, et la catastrophe nucléaire de Fukushima, le monde semble redécouvrir les dangers de l’énergie atomique. Mais ce genre d’événements a déjà eu lieu dans l’histoire. Voici les principaux accidents nucléaires…


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Définition d’un accident nucléaire
 
Une centrale nucléaire, une usine d'enrichissement de l'uranium, une usine de traitement du combustible usé, voire un centre de stockage de déchets radioactifs (ou un site militaire) peuvent connaître ce que l’on appelle un accident nucléaire : un événement qui est susceptible d’émettre des matières radioactives et de porter ainsi atteinte à l’environnement et à la santé publique. Pour en mesurer la gravité, il existe l'échelle internationale des évènements nucléaires (INES : International Nuclear Event Scale). Elle comporte 7 niveaux.
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Tchernobyl : la plus grave catastrophe nucléaire de l’histoire (1986)

Le désastre nucléaire le plus grave et le plus connu est bien sûr l’accident de Tchernobyl, qui a eu lieu le 26 avril 1986 dans la centrale Lénine de Pripiat, en Ukraine (URSS à l’époque). Une série d’erreurs humaines lors d’un très risqué test de sécurité, ainsi qu’une mauvaise conception du réacteur (absence d’enceinte de confinement, instabilité,…) entraînent alors l’explosion et la fusion de son cœur ainsi que la propulsion d’une grande quantité de radioactivité dans l’atmosphère (équivalente à celle de vingt bombes d’Hiroshima). Le nuage radioactif touchera une grande partie de l’Europe, et l’accident est aussitôt classé au niveau 7 sur l'échelle INES. Selon l’ONU, il a fait 4 000 morts. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) parle lui de 16 000 morts. Mais certaines ONG avancent jusqu’à 900 000 morts !
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Fukushima Daiichi : pire que Tchernobyl ? (2011)

Le séisme (magnitude 9) qui a frappé le Japon le 11 mars a engendré un puissant tsunami qui a à son tour dévasté le Nord-Est de l'île de Honshu. Résultat : des milliers de morts… et une centrale nucléaire, celle de Fukushima Daiichi (250 km de Tokyo), en grande difficulté. Touchés par la catastrophe, quatre des six réacteurs connaissent des fusions et subissent des fuites radioactives, notamment en raison d’explosions d’hydrogène. L’état d’urgence nucléaire est décrété par les autorités japonaises et plus de 200 000 personnes sont évacuées (accident de niveau 6 sur l’échelle INES). Aujourd’hui, la situation semble stable, mais elle reste critique. Certains craignent un bilan écologique et sanitaire pire que celui de Tchernobyl.
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Three Mile Island : pas d’explosion, mais une fusion du réacteur (1979)

Le pire a été évité de justesse le 28 mars 1979 dans la centrale nucléaire de Three Mile Island (Pennsylvanie, Etats-Unis) : ce jour-là, le système d’alimentation en eau tombe en panne, déclenchant l’arrêt d’urgence automatique du réacteur. Problème : le système de refroidissement de secours ne fonctionne pas, car une vanne fermée lors d’un test réalisé 42 heures avant l’accident n’avait pas été rouverte. La négligence humaine engendre alors une fusion de 50 % du cœur du réacteur. Malgré quelques rejets radioactifs dans l’environnement (difficiles à quantifier car pas mesurés sur le moment, mais estimés faibles), l’enceinte de confinement joue parfaitement son rôle. 140 000 personnes ont tout de même été évacuées durant l’événement, classé au niveau 5 sur l’échelle INES. Et plus aucune centrale civile n’a été construite aux Etats-Unis depuis.
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Chalk River : le premier véritable accident nucléaire (1952)
Les laboratoires nucléaires de Chalk River, situé en Ontario (Canada), ont été construits pour développer le réacteur CANDU (coopération britannico-canadienne aboutissant au premier réacteur opérationnel hors Etats-Unis). La centrale fabrique également des éléments radioactifs, les isotopes médicaux, pour la médecine nucléaire. En décembre 1952, le réacteur subit une perte partielle de liquide de refroidissement, engendrant un accident nucléaire de niveau 5 sur l’échelle INES.(Crédit photo : © Padraic Ryan)
Mayak : un accident nucléaire majeur longtemps resté secret (1957)
Le 29 septembre 1957, un drame se produit sur le complexe militaro-industriel de Mayak (ou Maïak), en Russie (URSS), qui sert alors à fabriquer du plutonium pour les têtes nucléaires soviétiques (il sera plus tard aménagé en usine de traitement du combustible usé) : une panne du système de refroidissement des cuves de déchets radioactifs intervient, ce qui provoque une énorme explosion chimique et la dispersion de nombreux radioéléments (300 000 km2 contaminés). Classé au niveau 6 de l’échelle INES, l’accident tue 200 personnes. 500 000 sont exposées à des radiations, et 10 000 sont évacuées. Pour l’Occident, cet événement restera secret jusqu’en 1976.(Crédit photo : © lewebpedagogique.com)
Windscale : incendie nucléaire en Angleterre (1957)

La même année, un autre drame secoue la Grande-Bretagne : sur le site de Windscale (rebaptisé Sellafield à la suite des événements), le plus grand complexe électronucléaire britannique (10 km2), un incendie nucléaire se déclenche dans l’un des réacteurs lors d’une opération d’entretien du graphite. Et comme en Russie, la transparence n’est pas au rendez-vous : un nuage radioactif va parcourir le pays et atteindre le continent sans que les populations ne soient averties du danger. L’accident est classé au niveau 5 de l’INES.(Crédit photo : © visitcumbria.com)
Tokaimura : le plus grave accident depuis Tchernobyl ? (1999)
La catastrophe de Fukushima n’est malheureusement pas le seul accident nucléaire auquel le Japon a dû se confronter : en 1981, déjà, la centrale de Tsuruga connaît quatre fuites radioactives, à la suite desquelles 278 personnes seront irradiées. En 1997, c’est l’usine expérimentale de Tokaimura qui subit un incendie et une explosion : 37 personnes contaminées. Puis en 1999, un nouvel accident intervient dans le centre à cause d’une erreur humaine : deux techniciens trouvent la mort, 600 personnes sont exposées aux radiations, et quelque 320 000 autres sont évacuées. Certains estimeront que cet accident, classé au niveau 4 de l’INES, était le plus grave depuis Tchernobyl car le risque de criticité (réaction en chaîne incontrôlée) était bien réel. On peut également évoquer l’accident de la centrale de Mihama, en 2004, où cinq employés décédèrent.(Crédit photo : © wikispaces.psu.edu)
Tomsk-7 : le premier accident post-soviétique (1993)
Durant l’ère soviétique, une ville secrète ne figurait pas sur les cartes : Tomsk-7, en Sibérie (précédemment baptisée Piaty Potchtovy). Et pour cause : elle abrite un vaste complexe de production et de traitement de matières nucléaires à usage militaire. En 1992, elle prend le nom de Seversk, mais conserve ses activités… jusqu’à l’accident d’avril 1993 : une explosion dans l’un des bâtiments provoque la projection d’éléments radioactifs dans l’environnement. Le nombre de victime ne sera jamais divulgué.(Crédit photo : © Alexey Lubkin)
Les accidents nucléaires français
En France, il y a plusieurs centaines d’incidents nucléaires chaque année. Heureusement, ils sont tous de « faible gravité » (rarement au-dessus du niveau 2 de l’INES). Mais deux accidents de niveau 4 ont déjà défrayé la chronique dans l’Hexagone : ils se sont tous deux déroulés dans la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux, dans le Loir-et-Cher, en octobre 1969 et en mars 1980. A chaque fois, il y a eu fusion d’éléments combustibles. On peut également citer celui du Tricastin (vallée du Rhône), en juillet 2008, où une opération de maintenance mal menée a engendré la fuite de substances radioactives, ainsi que la contamination légère d’une centaine de salariés. La centrale de Blayais (près de Bordeaux) a par ailleurs échappé de justesse à la fusion du cœur de l’un de ses réacteurs lors de la tempête de 1999 (accident de niveau 2 durant lequel une inondation avait empêché le système de refroidissement de fonctionner correctement).
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