… et nous voilà déjà au printemps.
Une inflation d'invitations diverses et variées pour aller déguster des vins primeurs à de multiples endroits bordelais. Il faudrait au moins se multiplier par dix pour satisfaire toutes ces invitations. Des choix cornéliens !
En même temps, il est évident que ce système assez contestable continuera encore de longues années, sur une complicité entre la presse et la propriété. On devrait donner beaucoup plus d'échos à la décision des producteurs de Gevrey-Chambertin qui ont très sagement décidé que leurs vins ne seront soumis aux dégustations professionnelles que lorsque les crus seront en bouteilles, quand ils auront fini leur élevage et correspondront au produit final que pourra encaver l'amateur.
C'est assez étonnant d'entendre de tous côtés des critiques particulièrement sensées sur les faiblesses et tromperies de ce système, mais ensuite de voir chacun l'accepter, ne serait-ce qu'au titre d'une promotion mondiale à bon compte de toute une région vinicole. Bon, on peut effectivement se contenter de cet aspect des choses.
Primeurs à Bordeaux
Outre la course à qui sera le premier à annoncer ses notes - Suckling reste incontestablement le n° 1 - on constate déjà qu'il va y avoir un beau lot de crus qui auront, fourchette basse ou haute, au moins une note dont le premier chiffre sera 9. Pour les autres, cela risque souvent d'être assimilé au pouce en bas des romains lors des jeux du cirque.
Inflation…
Pour ceux qui flâneront ici ou là et qui ne sont pas soumis au travail intense d'un journaliste devant aligner plusieurs centaines de notes pour rester dans la course, il y aura quelques belles dégustations à faire là où on reçoit facilement, sans sourciller sur des lettres de crédit demandées par les noms illustrissimes assez chatouilleux sur qui vient faire crisser le gravier du châtelain.
On peut ainsi conseiller d'aller aux dégustations du CRD (Cercle Rive Droite), de flâner à Sauternes qu'on oublie trop souvent (Raymond-Lafon, entre autres), de ne pas manquer les multiples appellations chez Thunevin qui accueille beaucoup d'amis d'ailleurs, et si on aime la Haute Fidélité, de passer un bon moment au Château Vieux Taillefer (Groupe Anthocyanes) à Vignonet où David Blecher (Présence Audio Conseil à Paris) animera de sons exceptionnels ces dégustations avec un matériel assez dingue. On ne manquera pas une visite à Monsieur Maltus à Château Teyssier qui fait aussi déguster ses vins d'ailleurs, et, cerise sur le gâteau si vous avez des ouvertures, une visite magistrale chez quelques grandes maisons de négoce qui alignent dans leurs chais une représentation conséquente des meilleurs crus des deux rives et surtout des millésimes déjà en bouteilles. Bref, il y a de quoi faire.
Dégustations
Pour ceux qui aiment des rapports complets de dégustation, contactez le Club Toulousain IN VINO VERITAS dont les rapports sont un exemple remarquable de notes et commentaires particulièrement bien écrits, complets, circonstanciés. Je viens de recevoir le rapport sur une verticale de Palmer : bravo pour ce travail de Didier Sanchez, Laurentg, Pierre Simon et Maxime France. Ils goûtent les mêmes crus l'après midi et le soir, et les différences entre ces deux moments montrent à quel point le vin évolue et surtout - c'est mon dada - relativisent un max les points de vue qu'on peut avoir sur une bouteille.
Musique
Monsieur Moisseff, un fondu comme pas deux, me signale le site suivant en demandant quel vin accorder à cette interprétation : allez y ! ICI
A rapprocher de tous les événements autour de Musique et Vin qui prennent un essor fabuleux en Europe et aussi en Argentine ! J'aime ces associations d'arts qui rapprochent des amateurs d'horizons différents. Il y a d'ailleurs un site dédié : ICI.
Cela me donne l'idée d'organiser en juin à Paris une soirée Grandes Orgues suivie d'un dîner au Laurent : on en reparlera.
Cinéma
Vu le film avec Matt Damon (L'Agence) qui pose des questions fascinantes sur le libre-arbitre. On a le droit de ne pas aimer Philip K. Dick, mais ce diantre d'écrivain avait quand même des idées hors du commun.
Millésimes inattendus présentés par Laurent Vialette
Superbe dégustation hier soir à Bordeaux de quelques bouteilles autour de tapas au restaurant El Asador. Quelques photos :
Un parisien bon chic bon genre, plume de référence : Nicolas de Rouyn
Un anglais authentique, c'est à dire français à 60 % : Monsieur David Cobbold
En ouverture, deux 1974. On notera la malicieuse mention "grand cru" sur le riesling superbe de Zind-Humbrecht
Simplement remarquable ! Du temps de Madame Joly.
Quand le Savour Club avait de grands vins : finesse magnifique
En magnum : épanoui en majesté. Merci à Anne et Alessia.
Les petits piments verts, là : le mets favori de LPV, son côté hispanique caché.
Célèbre dans ces années là, et à juste titre ! Toute belle bouteille de 1955
Richesse voluptueuse étonnante. Du Pur Papa Delon en majesté !
Un des sommets de la soirée. Une référence dans ce millésime avec Pape-Clément (dixit LPV)
Là, tout simplement, une pure émotion. Et que disait-on de ce millésime à l'époque ?
Un Nuits (?) 1926 : on s'est trompé de plusieurs décennies, à l'aise blaise ! Beau à pleurer.
Les leçons de cette soirée :
a : quand les grands vins vieillissent, ils prennent souvent des caractéristiques qui font qu'en déterminer l'origine tient de l'exploit ou du secours de madame Michu, cartonmancienne de son état.
b : plus que jamais, l'approche du vin est simple et ne nécessite point de mots compliqués. Il apporte du plaisir ou, niveau supérieur, de l'émotion. Et pour chacun de ces sentiments, on peut y affectuer trois, quatre, éventuellement cinq degrés. Le reste n'est souvent que littérature, et bien trop souvent absconse.
c : là, ce soir, l'émotion top était bourguignonne. A l'unanimité.
Restons simple
N'allez pas croire qu'on ne boit que des vins à 3 ou 4 chiffres. Loin, très loin de là. Il y a tant de crus plus que méritants et surtout intéressants par les variétés de sensations qu'ils apportent et qui coûtent moins de € 30.
Quelques exemples de vins dégustés récemment qui sont enthousiasmants :
Un Fronsac 2007, deux italiens, un allemand : que du beau monde !
Lecture audio
Ce n'est pas certain que cela plaise aux amoureux du papier et de la lecture à l'ancienne. Mais j'aime les livres "audio", surtout quand la voix qui lit l'intégrale de l'ouvrage, est parfaite.
C'est le cas du dernier opus de Jean d'Ormesson qu'on peut télécharger sur IPhone/Ipad. En avion, en voiture, c'est une chance assez inouïe de pouvoir ainsi écouter un auteur qui sait écrire, qui explique en termes simples mais sans simplisme, des itinéraires personnels sur les choses essentielles qui doivent toucher chacun d'entre nous.
Titre de ce dernier opus de ce diable d'homme :
"C'est une chose étrange à la fin que ce monde"
Vivement recommandé, et parfait complément du dernier opus d'Etienne Klein qu'on a déjà cité ici.
Bon week-end de printemps !