Rencontre avec le jeune auteur Jean-Simon Brisebois
S’en sortir… un paragraphe à la fois
Le jeune auteur Jean-Simon Brisebois en a vu de toutes les couleurs. Enfance en centre d’accueil, adolescence marquée par l’alcool et la violence, chômage, criminalité… Avec la publication de son cinquième livre, Lettres Écarlates, le natif et citoyen du quartier Hochelaga-Maisonneuve a rencontré Reflet de mon Quartier afin de partager son parcours hors de l’ordinaire.
François Richard Dossier Culture
À l’âge de trente ans, Jean-Simon Brisebois souhaite faire un retour sur l’histoire de sa vie. Son livre, Je me raconte, ne serait pas selon lui une autobiographie. «Je suis mal à l’aise avec ce terme. Je suis trop jeune pour ça. Il s’agit plutôt d’un récit personnel de tout le chemin que j’ai parcouru, de mon enfance jusqu’à aujourd’hui.» L’idée de se raconter de cette façon lui est venue lors de ses trois participations au Salon du livre de Montréal, suite à la publication d’une trilogie de poèmes, entre les années 2006 et 2008. «Les gens qui visitaient mon kiosque me posaient beaucoup de questions sur mon vécu, sur qui j’étais. Mes poèmes sont abstraits et ne permettent pas de véritablement me connaître.»
Une jeunesse difficile
L’histoire de Jean-Simon Brisebois est effectivement difficile à raconter. Né dans une famille près des milieux criminels de l’est de Montréal, Jean-Simon est placé en centre d’accueil dès l’âge de cinq ans. Il y restera de façon intermittente jusqu’à la fin de son adolescence. Sa jeunesse est marquée par l’échec scolaire, la violence du milieu où il vit et l’abus d’alcool et de drogues auquel il a recours pour s’éloigner momentanément des nombreux problèmes qui l’accablent. Malgré les difficultés qu’il a surmontées, Jean-Simon ne prétend pas avoir découvert de recette miracle pour surmonter la détresse. «Je ne veux pas donner de leçons de vie à qui que ce soit avec ce livre. Je l’écris avant tout pour moi et pour les lecteurs qui m’en ont fait la demande.»
Découverte de l’écriture
Ces lecteurs ont fait la connaissance de Jean-Simon grâce à sa trilogie de poèmes, résultat d’un travail qui s’est échelonné sur plus d’une dizaine d’années. Une décennie au cours de laquelle la vie de l’auteur a pris plusieurs virages inattendus. À l’âge de 17 ans, les nombreuses difficultés de Jean-Simon le font craquer. Il est victime d’une sévère dépression et est hospitalisé dans un hôpital psychiatrique. L’expérience sera déterminante pour lui. «J’ai commencé à écrire à l’hôpital, simplement pour passer le temps. C’est ensuite devenu une habitude.» De retour chez lui, il fait lire quelques-uns de ses poèmes à ses amis, qui l’encouragent tous à les publier. L’idée, qui semble farfelue au départ, demeure dans l’esprit de Jean-Simon. Neuf ans plus tard, le rêve deviendra réalité.
Entre-temps, Jean-Simon occupe toutes sortes d’emplois. Il tente de mener une vie saine et d’échapper aux nombreux problèmes qui ont marqué sa jeunesse. Entre les petits boulots dans les usines ou les organismes communautaires, le poète en herbe accumule les expériences de vie.
Le rêve se réalise
Les éditions TNT lui donneront finalement sa chance. Les textes écrits par Jean-Simon entre 1997 et 2008 se transforment en trois recueils: Renaissance, L’âme de l’ange et Entité. Les œuvres traitent, par le biais de textes brefs et rythmés, de l’enfance, de la spiritualité et de la vie dans la rue, dans un style que Jean-Simon qualifie de «poésie urbaine». L’écriture a pour lui une importante fonction libératrice. «J’extériorise ainsi ma peine. Ça me permet de crier qui je suis.» L’auteur se sert de plus de son travail littéraire afin de répondre à certaines questions. «Mes parents ne se sont pas beaucoup occupés de moi. Je dois donc m’expliquer beaucoup de choses tout seul.»
Le travail artistique et l’implication sociale ont joué un rôle déterminant dans le cheminement de Jean-Simon Brisebois. En plus d’avoir réalisé un court-métrage sur sa vie, il a co-scénarisé en 2001 une pièce de théâtre en collaboration avec la Fondation des Auberges du Cœur, un organisme qui lui est venue en aide lors d’une période sombre de sa vie. En décembre 2008, des extraits de ses recueils de poésie ont été lus sur scène par le comédien Stéphane Côté lors d’un autre spectacle organisé au bénéfice de l’organisme qui offre des services d’hébergement aux jeunes marginalisés. Sa participation à ce dernier spectacle lui a permis de remporter, à la suite d’un concours, la bourse Simple Plan, d’une valeur de 1 000$. Le poète partage aussi son talent en donnant des ateliers d’écriture à Spectre de Rue, un centre de jour pour les toxicomanes du centre-ville de Montréal.
L’avenir de Jean-Simon Brisebois
Son prochain projet? Un sixième recueil de poésie sur le thème de l’amour. Encore une fois, il souhaite que l’expérience soit thérapeutique. «J’ai toujours eu de la difficulté avec l’amour. Je sais écrire aux filles, mais je ne sais pas leur parler.» Jean-Simon promet à ses lecteurs que le ton de sa dernière œuvre tranchera avec celui de ses livres précédents. Sa vie a bien changé et il veut maintenant s’attaquer à des textes au contenu plus positif. «Ça ne sera pas un livre noir. Je veux laisser couler mon côté romantique.»
VOS COMMENTAIRES SUR Jean-Simon Brisebois et la poésie urbaine
Les œuvres de Jean-Simon Brisebois sont disponibles aux Éditions TNT. Chaque recueil de poésie urbaine est au coût de 4,95$.
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