Une crise dans la Zone Euro ?

Publié le 25 mars 2011 par Lababole

(Source : AFP)

BRUXELLES — Sous la pression des marchés, la zone euro a fait un grand pas dans son intégration en mettant sur pied, en un an, une forme de Fonds monétaire inimaginable auparavant, pour renforcer sa stabilité mais aussi la solidarité financière entre ses membres.

« Nous avons ajouté un pilier économique au pilier monétaire. Il y a un an, je pense que nous aurions été très peu à parier sur un tel succès », s’est félicité le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, lors d’un sommet de l’UE.

Les Européens veulent éviter la répétition des attaques spéculatives qui ont obligé la Grèce et l’Irlande à recourir à une aide financière extérieure, et menacent à présent le Portugal.

Réunis jeudi et vendredi à Bruxelles, les dirigeants européens ont entériné un vaste dispositif pour se défendre contre les crises, dont l’élément central est un « mécanisme permanent de stabilité ».

A partir de mi-2013, il pourra prêter jusqu’à 500 milliards d’euros aux pays de la zone euro confrontés à des difficultés financières et/ou leur acheter des obligations souveraines.

L’UE a ainsi « réussi à créer un Fonds monétaire européen », commente un diplomate. Encore difficile à concevoir il y a seulement un an pour nombre de pays.

Au printemps 2010, c’est dans l’urgence, au prix de réunions à répétition s’apparentant à des courses contre-la-montre, qu’un plan de sauvetage avait été élaboré pour la Grèce, puis un premier Fonds de secours financier.

Mais ce Fonds, depuis utilisé en Irlande, est seulement provisoire, pour trois ans.

Et les Européens, freinés par une Allemagne rétive à payer pour les autres, ont longtemps donné l’impression de tergiverser, d’agir seulement le dos au mur.

Le mécanisme permanent de stabilité ira aussi de pair avec des mesures améliorant la convergence des politiques économiques des Etats européens, notamment un « pacte pour l’euro »: tous les membres de la zone euro, plus 6 autres pays de l’UE, s’engagent à réformer leur économie et leurs systèmes de retraite, à limiter strictement leur dette publique et à pratiquer la modération salariale.

Cela suffira-t-il à calmer les marchés?

Le paquet adopté est censé assurer que « nous ne referons plus les erreurs du passé, mais contribuerons à ce que cela n’arrive plus jamais », assure la chancelière allemande Angela Merkel.

« Les marchés doivent savoir que nous défendons l’euro. Depuis un an nous prenons décision après décision pour défendre l’euro », martèle aussi le Premier ministre belge, Yves Leterme.

Pour l’Allemagne, l’évolution est douloureuse car de facto une clause importante du traité européen (« no bail out »), interdisant en principe qu’un Etat en difficulté budgétaire puisse être sauvé par ses partenaires, a sauté.

Vendredi, sa presse s’est déchaînée contre les « promesses non tenues ». Elle estime que les électeurs allemands, auxquels on avait assuré qu’ils ne paieraient pas pour les erreurs d’autres pays, ont été dupés.

« Le contribuable allemand doit se porter garant pour d’autres, qui ont mené un train de vie insouciant. Et personne ne peut exclure qu’on nous fasse passer à la caisse », dénonçait ainsi le quotidien populaire Bild, le plus lu du pays.

Plus que financière, la menace pourrait désormais être sociale.

La grogne monte dans beaucoup de pays contre les programmes d’austérité, qui ont déjà fait tomber les gouvernements irlandais et portugais. Et jeudi, en marge de la réunion européenne, entre 20.000 et 30.000 personnes ont encore manifesté à Bruxelles.

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