Cette fois, le processus est enclenché. Le TNT vit sa dernière saison, en tout cas sous sa forme actuelle. A savoir celle d’un lieu de création plutôt atypique orienté vers la recherche de formes nouvelles d’expression dans le domaine des arts de la scène.
Comment s’est déroulée la réunion de mercredi ?
Eric Chevance : Le conseil d’administration a d’abord reçu l’équipe salariée du TNT (soit 10 personnes) qui est directement concernée par la situation puisque quelle que soit l’orientation prise, des emplois seront supprimés. Le constat a ensuite été établi que cette économie-là ne nous permet pas de poursuivre notre projet. Or nous ne voulons pas le dévaloriser, nous ne voulons pas d’un TNT au rabais. D’autant qu’il nous a été clairement dit que les financements de l’Etat, qui ont déjà été diminués deux années de suite, le seraient encore à l’avenir. ça n’est pas gérable.
Avez-vous le sentiment d’avoir été condamné ?
Nous ne sommes qu’une victime parmi d’autres de décisions politiques qui nous dépassent. Nous sommes victimes de cette RGPP (révision générale des politiques publiques, ndlr) qui impose des baisses de budget et la focalisation des aides sur quelques structures importantes au détriment de structures indépendantes. ça n’est pas une attaque spécifique sur notre action ou nos résultats, mais c’est encore plus grave : c’est le fonctionnement d’une politique impersonnelle basée sur une logique uniquement comptable. Sans regard porté sur la pertinence des projets.
En quoi les vôtres sont-ils pertinents ?
Nous offrons quelque chose de différent en matière d’accompagnement dans l’émergence artistique. Et nous offrons un espace à des spectacles qui n’en auraient pas ailleurs à Bordeaux. Les performances des artistes Borralho et Galante en ce moment en sont un exemple. Je ne dis pas que nous faisons mieux que les autres, mais nous sommes l’un des éléments d’une offre culturelle plurielle à Bordeaux.
Quelles solutions s’offrent à vous aujourd’hui ?
Soit l’interruption définitive, soit poursuivre une activité artistique sous une autre forme. J’ai été missionné pour monter un nouveau projet, le présenter à nos partenaires et obtenir leur soutien d’ici le 12 avril. L’idée est de se saisir de l’un des éléments qui fait le TNT d’aujourd’hui pour l’approfondir. Mais il nous faudra un soutien franc. Si les réponses apportées sont tièdes, nous ne repartirons pas dans cette logique de déclin inéluctable. Quoi qu’il en soit, le TNT n’existera plus. C’est un crève-coeur pour nous qui portons ce projet depuis 14 ans. • Propos recueillis par Sophie Lemaire