L’histoire de L’Étrangère est celle d’Umay, qui décide, avec son fils, de quitter Istanbul et un mari violent afin de retrouver sa famille en Allemagne.
Avec cette idée de départ, la réalisatrice Feo Aladag dépeint dans ce premier film les conséquences du communautarisme turc sur la vie d’une femme et celle de ses proches lorsque celle-ci décide de vivre « autrement ». Ce qui rend ce film si percutant et réaliste, c’est la justesse avec laquelle la réalisatrice décide de traiter ce sujet. Là où on aurait facilement pu tomber dans les clichés et les préjugés, on assiste lentement à la destruction de toute une famille, prise au piège dans une communauté. Tous les membres de cette famille vacillent, et sont partagés entre l’amour qu’ils portent à Umay, et l’attachement, leur obligation à l’égard des Turcs. La où on on pouvait s’attendre à une « punition de la femme turque », on assiste à un étau qui se resserre lentement sur cette famille, et qui pousse à une fin digne des plus grandes tragédies.
Comédienne de longues années avant de passer derrière la caméra, Aladag le fait ressentir à travers sa réalisation. La très bonne direction d’acteur est renforcée par une mise en scène au service des acteurs, où le décor est flou, indicible. On sent la volonté de la réalisatrice de porter notre attention sur ce que ressentent réellement ces personnages qui vivent cette histoire. On retrouve l’excellente Sibel Kekilli (Head-On) qui parvient à dépeindre l’histoire de cette femme, à travers ses moments de force et de faiblesse, avec une incroyable justesse.
On en sort donc ébranlé, touché, mais, finalement, avec un goût amer de ce que représente la communauté turque.