Depuis des décennies, la classe politique classique n’a de cesse de diaboliser le FN ; pour quel résultat ? il n’a jamais paru aussi implanté dans l’électorat français , comme en témoignent ses scores lors du premier tour des cantonales.
Car il faut bien noter le virage pris par le parti d’extrême droite lors de ces élections : en plaçant plusieurs centaines de candidats en position de se maintenir pour le second tour, le FN a pris une nouvelle dimension . Lui qui a toujours été écrasé par l’ombre tutellaire du père Le Pen , le voilà comme libéré et pour la première fois en excellente place dans un scrutin local où jadis il ne brillait jamais. Sauf exceptions.
En effet, il faut se souvenir des douloureuses expérience qu’ont constitué l’administration frontiste dans des ville comme Toulon (où après un premier mandat, le maire n’a pas recueilli plus de 5% au scrutin suivant) ou Marignane.
Face à l’échec des stratégies de diabolisation, face à la tentative de récupération des idées de l’extrême droite par la droite dite traditionnelle, il faut s’interroger sur la conduite à tenir face à un parti de plus en plus vu comme un potentiel parti de gouvernement.
Au delà des habituelles rappels sur les multiples polémiques causées par les déclarations choquantes de Jean-Marie Le Pen, ne serait-il pas du rôle des politiciens mais aussi des médias d’attaquer ou d’interroger le FN sur son programme, dont des pans entiers sont encore vides si l’on se fie au site du parti ? on aurait tant aimé dimanche soir entendre un journaliste demander à Marine Le Pen quelle est sa position sur le nucléaire civil plutôt que de lui parler encore et toujours de son père ou du front républicain qui la victimise. On aimerait tant lire ailleurs que sur le Graoully Déchaîné que le Front National souhaite supprimer le régime local de sécurité sociale …combien de braves mosellans , vivant dans leur village pépère s’en iront voter dimanche pour un candidat FN par peur d’on en sait quoi sans savoir que le plus à craindre pour eux, c’est le FN ?
Plutôt que de continuer bêtement à dire que « le FN c’est mal » , l’effort pédagogique des partisans des forces de progrès doit s’axer sur le programme du FN et son idéologie rétrograde. Plus on continuera à diaboliser le FN sans argumentation concrête, sans l’attaquer sur le fond, on contribuera juste à faire croire que ce parti est victime d’une caballe des vieux partis à qui il fait peur.
Non, il ne faut plus avoir peur du FN : il faut lui renvoyer au visage ses propres idées, le considérer comme un parti classique et ne plus tomber dans ce piège qui consiste à le victimiser en permanence ; encore avant-hier soir, invitée par Michel Denisot dans le Grand Journal, Marine Le Pen a eu droit aux images des dérapages de son père ; et à apart ça ? le FN n’est ce donc que celà ? ne peut-on pas poser d’autres questions maintenant que tout a été dit sur la forme ?
Et finalement , la meilleure façon de se débarasser du FN , ne serait-ce pas de le voir représenter dans les instances nationales , pour démontrer à quel point ses préoccupations ne sont pas adaptées aux vraies attentes des français ?
Je n’ai pas la réponse à cette question . Mais il faudra bien la solutionner un jour.