Si on a longtemps cru le risque d'obésité lié, au départ, à un déficit de récompense du cerveau à l'apport alimentaire et au manque de libération de dopamine, en réalité, c'est l'obésité qui créé le déficit de plaisir et non le contraire. La suralimentation responsable d'obésité serait favorisée, au départ et au contraire, par une hypersensibilité du cerveau en réponse à l'alimentation. Cette étude, financée par les National Institutes of Health (NIH) et publiée dans l'édition du 23 mars du Journal of Neuroscience conclut en effet que c'est le gain de poids qui émousse la réponse neuronale et non le déficit de récompense qui pousse aux excès alimentaires.
Les Prs. Eric Stice du Oregon Research Institute (ORI) et Dana Small, du Laboratoire de JB Pierce à New Haven (Connecticut), apportent une réponse sur le facteur principal de suralimentation et répondent à cette question, mange-t-on trop par déficit ou excès de récompense ?
La prise d'aliments produit la libération de dopamine et le degré du plaisir de manger est en corrélation avec le montant de la libération de dopamine. Des études ont déjà montré que les personnes obèses par rapport à des personnes plus minces ont moins de récepteurs de dopamine dans le cerveau et l'on pensait que les personnes obèses mangent trop pour compenser ce déficit de récompense.
Cependant, cette nouvelle étude suggère que c'est la suralimentation qui conduit au déficit de récompense et non le contraire. Par utilisation de l'IRM, cette équipe a comparé la réponse neuronale à l'alimentation et à une récompense monétaire chez 60 adolescents minces à risque d'obésité (parce qu'avec deux parents obèses ou en surpoids) par rapport à des adolescents minces sans risque d'obésité (avec deux parents de poids normal). Les chercheurs ont mesuré l'activation des circuits de récompense en réponse à la consommation de milk-shake au chocolat ou à la réception d'argent. Les jeunes à risque élevé d'obésité motrent une plus grande activation des circuits de récompense et des régions somatosensorielles lors d'un apport alimentaire ou une récompense monétaire.
Les résultats suggèrent que la vulnérabilité initiale causant la suralimentation peut être une hyper-sensibilité du circuit de la récompense, à l'apport alimentaire. "Des résultats surprenants," note le Pr. Stice, qui remettent en cause la théorie jusque là, largement partagée. Le Pr. Stice et son équipe constatent également que les jeunes à risque montrent une hyper-sensibilité des régions somatosensorielles à l'apport alimentaire, une partie du cerveau qui joue un rôle clé dans la détection de la teneur en matières grasses des aliments. Ces résultats suggèrent que les individus qui sont particulièrement sensibles à la détection des aliments riches en graisses ont un risque accru de suralimentation.
Source Oregon Research Institute« Youth at risk for obesity show greater brain activity in response to food(Visuels NIDA)
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