Pour apprécier ce film, il me faut oublier la fin, un peu trop larmoyante à mon goût, et revenir aux questions qu’il soulève.
Une équipe de cinéma vient en Bolivie tourner l’histoire de la conquête de l’Amérique par Christophe Colomb. Le réalisateur (Gael Garcia Bernal) est habité par son sujet depuis plusieurs années et accepte tant bien que mal les contraintes budgétaires que lui impose la production. Mais le sujet n’est pas une critique du système de production du cinéma, et, à chaque étape, je me demande ce que je ferais, moi, dans la situation exposée à l’écran.
Sympathisant des idées de Bartolomé de las Casas (Carlos Santos) et Montesinos (Raul Arevalo), sensible aux arguments de l’acteur qui joue Christophe Colomb (Karra Elejalde), plutôt en accord avec le projet du réalisateur et jugeant sans doute négativement les propos du producteur (Luis Tosar), mon opinion va-t-elle résister aux évènements qui se déroulent dans cette ville, Cochabamba, où la Compagnie des Eaux a entrepris de privatiser l’eau, même la pluie ?
L’écart historique entre ce qui se joue dans le film en tournage et ce qui se décide dans l’existence des habitants (qui sont en même temps les figurants du tournage) permet une réflexion sur les formes et les conditions de lutte d’un siècle à l’autre.
Bien sûr, le film pose aussi des questions sur l’importance relative des évènements. Daniel (Juan Carlos Aduviri), leader du mouvement de protestation et acteur indien quechua du film, le dit plusieurs fois : l’eau c’est la vie. Un film vaut-il plus que la vie des gens ?
Et puis il y a la question de la solidarité. Pour moi, c’est là que réside l’intérêt de ce film : la solidarité est-elle un a priori ? Serais-je solidaire, dans des évènements majeurs, de mon prochain, quelles que soient mes opinions hors de ces circonstances ? Ou serais-je dominé par la peur ?
Ce film est dédié à Howard Zinn, auteur d’Une histoire populaire des Etats-Unis.
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