Ces derniers temps, les westerns ne se bousculent pas au portillon, non. S’il y en a deux dans l’année, c’est une grande année, c’est dire. Qu’y a-t-il eu comme grand western ces dernières années ? Ils se comptent assez rapidement. L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford d’Andrew Dominik et Open Range de Kevin Costner sont les meilleurs. 3h10 pour Yuma et Appaloosa se laissent regarder avec plaisir. On ne peut pas dire qu’il y a ait eu de quoi remplir des week-ends de cinéphile, à moins d’explorer les essais d’autres contrées, comme le jubilatoire Le bon, la brute et le cinglé venu de Corée. Heureusement que les classiques du genre sont là pour être redécouverts sur la grande toile blanche d’une salle obscure.
L’année dernière déjà, je m’étais laissé tenté par une redécouverte d’Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, et le moins qu’on puisse dire, c’est que je n’avais pas été déçu du voyage. Il y a quelques semaines, un autre western connu de tous avait droit à un dépoussiérage en copie neuve sur Paris : Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill. Ne l’ayant vu qu’une fois, à la télé il y a plusieurs années de cela, j’ai mis le cap sur la Filmothèque du Quartier Latin, qui devient un de mes repères préférés depuis quelque temps. C’est à se demander ce que j’ai glandé ces dernières années pour y passer si peu d’heures, dans ce cinéma à la programmation irréprochable.
Alors pour moi, ils sont inséparables. Pourtant ils n’ont pas souvent tourné ensemble les bougres, deux petites fois. Butch Cassidy et le Kid était la première, en 1969. Newman approchait des 45 ans, Redford en avait onze de moins. Paulo était un habitué du western, avec déjà Le gaucher et Hombre dans sa filmo, quand Bob n’était pas plié au genre sur grand écran. Redécouvrir le film en copie neuve au cinéma a été une agréable réminiscence de mon enfance, conjuguée au plaisir de voir un bon western. Et si Butch Cassidy et le Kid est bon, c’est avant tout grâce à l’alchimie entre Newman et Redford. Newman, le leader débonnaire, Redford la fidèle fine gâchette. Un duo de bandits légendaire dont la complicité crève l’écran sous l’œil de George Roy Hill.
Mais au-delà des deux comédiens, le film surprend, par sa légèreté affichée, cet humour qui le parcourt, cette joie de vivre qui transpire de ces dévaliseurs amuseurs. Il surprend aussi par des partis pris scénaristiques, comme tout ce pan du film consistant en une traque de Butch et du Kid par de mystérieux et dangereux cavaliers, à travers le désert, à travers monts et rivières, entre comique et désespoir. George Roy Hill capte un changement d’époque, la société évolue sous les yeux des deux bandits, elle se dirige dans une direction qui va à l’encontre de ce qu’ils représentent. Ainsi la légèreté se transforme en amertume, même s’ils gardent le sourire aux lèvres, et nous avec.