Aujourd’hui, la guerre se lit dans les journaux, on lit ainsi dans Le Monde que les forces de la coalition ont peut-être sous-estimé les possibilités offensives de Kadhafi, une spécialité française, ça, souviens-toi de Dien Bien Phu, camarade ! La guerre se voit aussi à la télé, s’écrit dans des romans, se dessine en bande, se tourne en film.
Mais avant le dolby surround, internet et le smartphone, on faisait comment ? remontons encore plus loin : avant le journal imprimé sur du papier, celui-là même sur lequel ta grand-mère épluchait ses légumes et son poisson ?
Avant, la guerre, on la gravait dans le marbre, le récit complet, de A à Z, avec les détails. La Piazza Colonna à Rome porte ainsi bien son nom : une colonne d’un peu plus de 50 mètres de haut permet d’y découvrir comment l’empereur Marc-Aurèle, franchissant le Danube, est venu à bout de peuples germaniques qui cherchait noise à son pré carré et à sa paix romaine. 20 blocs de marbres empilés, déroulant l’épopée en formant une spirale. Pour suivre vraiment toute l’histoire, de bas en haut, il faut une vue d’aigle et une nuque très souple, ou avoir pensé à prendre une paire de jumelles avant de partir en vacances, chose assez rare quand je fais du tourisme urbain.
Le monument fut gravé et érigé à la demande du fiston du vainqueur, empereur lui aussi, sous le nom de Commode, à l’extrême fin du IIe siècle de notre ère.