Des victimes encore bafouées par ce que l’on appelle la Justice
Nous venons d’apprendre par divers journaux que le parquet a l’intention de requérir un non-lieu dans l’enquête sur le passage en France du nuage radioactif de Tchernobyl lors d’une audience de la cour d’appel de Paris le 31 mars.
Cette consternante nouvelle arrive au moment même où nous attendons le nuage de Fukushima, en pleine catastrophe nucléaire.
La Chambre de l’instruction doit étudier le 31 mars l’appel formé par le Pr Pierre Pellerin, mis en examen pour tromperie aggravée dans cette affaire, contre le refus de la juge d’instruction chargée de l’enquête d’ordonner un non-lieu, a-t-on appris auprès du cabinet de Me Bernard Fau, avocat des parties civiles. Et la nouvelle encore plus stupéfiante a été le dessaisissement soudain de la juge d’instruction chargée du dossier, Marie-Odile Bertella-Geffroy, dans l’attente de la décision de la Cour d’appel sur ce non-lieu !
« Cette attitude vise à étouffer l’instruction pénale portant sur la problématique majeure de la communication officielle en direction des populations, lors des catastrophes nucléaires, ce qui est absolument intolérable », a réagi Chantal Lhoir, co-présidente de l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT), dans un communiqué.
L’association demande au garde des Sceaux Michel Mercier d’empêcher toute « entrave » au déroulement de l’instruction, particulièrement le non-lieu dans cette affaire.
« Au moment où le monde traverse l’une des plus graves calamité nucléaire au Japon et alors que nous commémorons le 25ème anniversaire de la tragique catastrophe de Tchernobyl, l’Association Française des Malades de la Thyroïde a appris avec indignation et consternation que le Procureur Général de la Cour d’appel de Paris a décidé de requérir un non lieu dans l’affaire pénale des mensonges sur les dangers du passage du nuage radioactif de Tchernobyl sur la France. »
L’AFMT estime que le dossier de l’instruction a mis au jour des fautes au détriment de la protection des populations en ce qui concerne l’information sur l’air et l’alimentation. Elle estime que le Service Central de Protection contre les Radiations Ionisantes a trompé la population en diluant, retardant ou masquant les données, en acceptant que des aliments contaminés interdits à la consommation chez nos voisins étrangers soient revendus sur le territoire français avec des doses hors des normes admises par l’Organisation Mondiale pour la Santé.
Pour les co-présidentes de l’Association, Madame Chanlal Lhoir et Madame Chantal Garnier, « c’est au moment où l’instruction pénale réunit les données épydémiologiques sur le développement du nombre des cancers chez personnes exposées aux retombées radioactives dans les zones de France les plus exposées, que l’on essaie d’enterrer le dossier. On a peur de savoir et surtout on a peur de devoir l’avouer ! »
Indignées par cette demande de non lieu du Procureur Général de Paris, les victimes françaises de Tchernobyl demandent que le Parquet, qui est l’autorité de poursuite en France, cesse de se manifester à contre emploi en demandant l’arrêt des poursuites et qu’il ait enfin une attitude conforme à son rôle institutionnel. La crédibilité de l’institution judiciaire auprès des citoyens qui est déjà très entamée, en dépendra. Elles ont appelé à la Mobilisation générale pour l’audience de la Cour d’appel du 31 mars 2011, à 9 h, devant le Palais de Justice de Paris. « L’audience de la Cour d’appel devant se tenir à huis clos, nous resterons tous sur le trottoir ! »
Environ 500 plaignants se sont constitués partie civile dans ce dossier.
Non-lieu : sur le passage en France du nuage radioactif de Tchernobyl – NaturaVox : partager pour préserver.