CONGORAMA de Philippe Falardeau (2007)

Attention: chocs culturels et quête identitaire. Soit Michel (génial Olivier Gourmet) ingénieur belge, marié à une Congolaise, adopté au Québec, qui décide de partir en terre canadienne à la recherche de ses origines, et de sa famille. D’un scénario tiré par les cheveux mais débrouillard, Philippe Falardeau (La Moitié Gauche du Frigo) signe un film sensible et poétique, singulier, ludique. Vu à Cannes et Toronto, Congorama séduit par sa trajectoire absolument imprévisible qui fait la part belle aux jeux d’acteurs (Paul Ahmarani, impeccable) et à une mise en scène amusante. Il détourne en un clin d’œil les facilités de son récit (les énormes coïncidences sur lesquelles il s’appuie notamment) pour (d)étonner ailleurs: du burlesque par-ci, du drame soudain par-là, de l’absurde aussi- conjugués à une volonté constante de surprendre, entraînent protagonistes et spectateurs sur des chemins originaux et peu conventionnels, arborant des thèmes à la richesse jamais sacrifiée: quelle est l’importance de ses racines dans la construction du soi ? Dans l’éducation de ses enfants ? Quelle place occuper au sein de la société en tant qu’être à cheval sur plusieurs continents ? Falardeau, en habile conteur, a suffisamment d’entrain et de douceur en bagage pour hisser l’ensemble vers des cimes réjouissantes, qui prônent liberté artistique et refus de l’étiquette. Road trip québeco-belge et drame comique. Accents documentaires et réalisation inventive. A l’instar de ses personnages, il se situe à la fois nulle part, et partout.