Noires blessures, de Louis-Philippe Dalembert

Par Goliath @Cayla_Jerome

 
Au-delà de tout cliché raciste, c’est le système global qui imprègne ce roman !

Le roman écrit par un homme de couleur, haïtien, où un noir est sous la domination d’un blanc, pourrait sembler une affaire convenue, trop souvent réécrite et sentant un relent de revanche de la négritude sur l’oppression.

Avec Louis-Philippe Dalembert, les choses sont différentes, ô combien !

Le personnage principal, un noir ayant tenté une malheureuse aventure vers le mirage européen, s’en retourne chez lui pour trouver un boulot de boy pour un blanc. Avec sa famille à charge, l’homme trouve ainsi le moyen de subvenir à tous. Son employeur, qui œuvre pour une ONG environnementale n’est pas plus mauvais ni plus méchant qu’un autre ; c’est une sorte d’aventurier solitaire goûtant les voyages et les grands espaces.  Les mois passent et le métropolitain voit ressurgir  ses vieux démons, des obsessions depuis l’enfance, presque une névrose. Son père est mort dans une rixe avec les forces de l’ordre, en France, où il militait pour une meilleure justice… La privation de ce père va perturber le psychisme de l’individu au point de la transformer en être cruel, en tortionnaire inconscient qui détruit un cauchemar oubliant l’homme devant lui.

Jamais Louis-Philippe Dalembert n’ancre son personnage dans un pays précis, la victime représentant l’opprimé face au système, la petitesse de l’homme face au gigantisme de la machine humaine. Sans haine ni amertume, ce coureur du monde, grand dévoreur de la culture de ses prochains, curieux de tous, dresse dans un roman captivant l’image d’une société où le sentiment d’appartenance à un même monde s’atténue à mesure de l’avancée du progrès.

Bien écrit et fascinant, ce roman est à la mesure du talent de Louis-Philippe Dalembert, attachant et curieux de l’autre. Il donne en outre à réfléchir sur les rapports de l’humain et la complexité de l’esprit…

 
Louis-Philippe Dalembert par franceinter

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