Lors de la conception du projet en 2007, le Louvre d’Abou Dabi était loin de faire l’unanimité. Une récente histoire de censure relance les débats sur cette succursale du Louvre.
Le Louvre d’Abou Dabi, premier musée universel du Moyen-Orient, ouvrira ses portes en 2013. Ce musée novateur devrait permettre un brassage des civilisations et un dialogue des cultures. S’il n’a pas encore accueilli de visiteurs, il a déjà dû faire face à de nombreuses critiques.
Selon l’expression de Françoise Cachin, le Louvre aurait vendu « son âme » lors de la signature du projet en 2007. L’ancienne directrice des Musées de France, décédée en février, s’était fortement opposée à ce projet gouvernemental. Selon elle, « les musées ne sont pas à vendre ». Or dans ce cas précis, les Emirats ont acheté la marque « le Louvre ». Ils financent également l’agence France-Museum, établie en France, et chargée de mener à bien le projet. Pendant une durée de dix ans, la France s’est également engagée à prêter des œuvres à Abou Dabi, ce qui selon certains menacerait la permanence des collections du musée français.
A peine cette première polémique s’était-elle éloignée qu’une autre a surgi : les droits des travailleurs œuvrant à la construction du musée n’auraient pas été respectés. L’organisation Human Rights Watch a publié un rapport en 2009 dévoilant l’exploitation des travailleurs par les compagnies de recrutement. Récemment, des abus similaires ont été découverts sur le chantier de construction du musée Guggenheim, situé à proximité de celui du Louvre.
A deux ans de son ouverture, le musée se trouve impliqué dans une nouvelle affaire. Le 12 mars dernier, la Tribune de l’Art dénonçait un cas de censure dans l’Emirat mettant directement en jeu le Louvre.
« Au mois de novembre dernier, les quelques acheteurs du Monde à l’aéroport d’Abou Dabi pouvaient constater avec surprise que l’appel à mécénat pour l’achat des Trois Grâces publié par le Louvre était vigoureusement barré de noir à l’emplacement des fesses, des sexes et des seins des trois indécentes jeunes femmes ».
A l’heure où les révolutions arabes ont des conséquences directes sur la conservation des œuvres, la sécurisation de celles d’Abou Dabi pose désormais questions.