« Pour permettre l’alternance, François Mitterrand, à la tête de la gauche démocratique depuis le congrès d’Epinay en 1971, a œuvré pour le rassemblement des gauches jusqu’à l’accession au pouvoir, avec les communistes en 1981. A partir du moment où la stratégie d’alliance avec les communistes est devenue évidente, au cours des années 1970, toute une partie de la gauche démocratique d’alors a rejoint le centre, qui, toujours en vertu de la dynamique des blocs, se trouvait alliée avec la droite. […] Il reste des vestiges de cette gauche passée à droite. […] Le Parti radical, ancestral, pilier de la République, s’était déchiré entre radicaux de gauche et radicaux valoisiens, justement à la faveur de cette logique de blocs.
Quelle recomposition ?
« Quelle forme peut-elle prendre? Reprenons le fil de l’Histoire: à gauche donc, le PS et le PCF, de l’autre côté, la droite et le centre. Ça, c’est la représentation politique telle qu’elle est encore à l’Assemblée. Représentation obsolète, issue des années 1970, 1980. Aujourd’hui le PCF n’existe quasiment plus, il est ingéré par le Front de gauche.
A la droite de la droite, une force politique s’installe sans être représentée au Parlement. Si la perspective pour la gauche démocratique, c’est d’être au pouvoir avec le très modéré François Hollande ou Martine Aubry qui gouverne Lille avec le MoDem ou l’ancien secrétaire général du FMI, on ne voit pas pourquoi, à terme, les radicaux, les centristes, continueraient de s’allier à une droite conservatrice qui manie les thèmes identitaires et sécuritaires à outrance.
Comme le disait fort justement mardi au micro de France Inter Jean-Paul Delevoye (lui-même gaulliste social), à propos des alliances, «on s’associe pour avoir un pouvoir, pas du tout parce qu’on pense la même chose». Dans une situation où les élus seraient libres de leurs alliances et déliés de leurs accords électoraux, le paysage de la représentation politique serait tout autre. »
Texte intégral : Dessine-moi un paysage politique, Thomas Legrand, Slate.fr