“Il n’y a pas d’intrigue, d’histoire, il ne se passe rien, je m’ennuie!”
Les gens s’attendent à ne voir que des Inception, où cinq intrigues sont développées simultanément et où la musique de Hans Zimmer hurle au spectateur ce qu’il doit ressentir. Ce ne sont pas ces films qui deviennent des favoris qu’on veut regarder un soir d’hiver, si? L’intrigue en elle-même n’est intéressante que par son influence sur les personnages, eux sont ce qui importe vraiment. Alors pourquoi si peu de personnes arrivent à apprécier une simple histoire qui nous fait entrer dans la vie des gens, voir ce qu’il s’y passe, et en sortir deux heures plus tard? Je pense à des films comme Another Year, Rachel Getting Married ou Genova.
Parallèlement, la fin de l’histoire importe peu si le film n’est pas entièrement basé sur l’intrigue. Oui je me doute que l’anneau sera détruit, oui je me doute que le Titanic va couler. Mais nom de Dieu je veux voir Frodon faire sa tapette et Sam lui botter les fesses, je veux voir Rose sauter du canot et Jack mourir dans l’eau. Dites-moi si c’est une affliction personnelle, mais je n’ai pas envie d’applaudir à la fin d’Inception (film que j’ai apprécié, entendons-nous), je n’ai pas envie de lancer des roses et dire “wouhou les gars, vous m’avez bien eue!”. Par contre je veux applaudir (je ne le fais pas, c’est un film) les hobbits quand tout le monde leur fait la révérence à Minas Tirith et Frodon a ses grands yeux bleus et il y a une musique qui te donne envie de partir à dos de canasson vers la Terre du milieu.
“Ce film est trop facile.”
C’est une critique que j’ai lue à propos de The King’s Speech: le journaliste écrivait que le film était trop “facile” car il se servait de thèmes auxquels tout le monde peut s’identifier. Ce journaliste était déçu qu’un film plus “innovant” comme The Social Network ne puisse pas gagner l’Oscar car il n’était pas une “machine à prix” comme The King’s Speech. Mon problème c’est que je ne vois pas pourquoi on chie des pendules à propos du Social Network. J’ai apprécié le film, l’ai trouvé bien écrit, réalisé, monté, joué.. mais c’est tout. Une fois fini, j’ai poursuivi ma vie sans accorder de seconde pensée à ce que je venais de regarder.
Alors que The King’s Speech parvient à faire ressentir de la compassion pour la dernière personne qui mériterait de se plaindre: le Roi. Oui, on se doute de la fin. Mais on se doute aussi que Mark Zuckerberg va fonder Facebook et se faire des couilles en or, ou que le type de 127 Hours va s’en sortir vivant sinon ça lui aurait été difficile d’écrire un livre à propos de son expérience.
Tout ça pour dire que, au bout du compte, je ne vois pas pourquoi un film qui parvient à rassembler les foules autour d’un sujet universel serait une mauvaise chose, surtout par rapport à un autre film (TSN) qui est certes techniquement bien ficelé, mais qui ne souffle ni chaud ni froid, qui reste propre et tiède. Je voulais offrir du lait et des cookies à tout le monde à la fin de The King’s Speech, j’avais l’impression d’avoir fait ce foutu discours de guerre moi-même sur la symphonie de Beethoven.