Quel statut pour les bénévoles ? (Entretien avec J.Adda, délégué général de la CPCA)

Par Laurent Samuel

Livret de suivi du parcours associatif, ticket-repas du bénévole, attribution de points supplémentaires aux examens…Au travers les évolutions des dernières années et les perspectives, voyez-vous se profiler un véritable statut du bénévole ou bien sommes-nous face à une accumulation de mesures « gadgets » ?
La question du « statut » du bénévole est beaucoup plus importante qu’on peut le croire a priori. Pourquoi ? Dans notre système économique libéral et concurrentiel, la logique du « bene volens » (faire le bien) est atypique, elle ne rapporte pas, elle ne satisfait pas des intérêts matériels immédiats. Si l’on regarde la publicité par exemple, le message met souvent en scène l’individu au prise entre une morale altruiste (partager) et un désir égoïste (consommer), au final le message veut déculpabiliser la consommation égoïste… A partir de là, quelle vision politique peut-on avoir du bénévolat ? Il est évident que les dirigeants des pays développés confrontés à cette logique de valeur collective défaillante (qui ne peuvent être le seul produit d’intérêt particulier) mettent en avant un discours de mobilisation du bénévolat un peu comme on organisait la mobilisation générale (un service civique ?), le message veut s’adresser à l’individu, parfois on parle de « culture du don de soi » (or le don de soi est un don d’organe…).
De fait, dans cette approche individualisante, on veut créer des mesures rétributives de l’engagement individuel (médailles, points, ristournes…). Nous pensons que si la logique individualiste de l’engagement doit être effectivement prise en compte, le « statut » du bénévole doit être avant tout entendu et appréhendé au regard de son rôle et de sa place dans l’organisation associative. Faut-il rappeler que l’augmentation du nombre de bénévoles en France est liée à la création de nouvelles associations porteuses de nouveaux projets associatifs ? On veut s’engager dans un projet, dans une cause collective ; interrogés sur bienfaits de leur engagement, les bénévoles répondent d’abord par le mot convivialité ! « Etre ensemble » dans le cadre d’une action collective, voilà ce qui motive l’engagement.
C’est pour cela que nous défendons la liberté d’engagement bénévole (sans statut donc) et que nous avons proposé des mesures pour développer l’engagement et la responsabilité pour tous ceux qui y accèdent plus difficilement (jeunes, femmes, populations défavorisées). Un train de mesures pour les bénévoles devrait soutenir des politiques spécifiques d’accès au bénévolat associatif, soutenir également la formation des bénévoles par et pour les associations et la valorisation des parcours dans le cadre de la validation des expériences…