Du bonheur dans un monde de robot

Le personnage du robot Bender dans Futurama pose bien le problème du bonheur, entre son extrémisme et son appartenance à la société secrète des robots et son « Kill human » et sa profonde amitié pour l’humain Fry…

Le bonheur est-il comme le décrit Breton de l’utopie, une direction pas un endroit ? Comme le décrit Allan Watts dans amour et connaissance, sommes-nous un faisceau de sentiments, et donc peut on vouloir des choses contradictoires ? ou tout simplement se ment-on à soi même entre les schémas que l’on nous a inculqué-conditionné et ce que l’on recherche vraiment, ne faut-il pas pouvoir répondre à la question première : connais-toi toi même.

Je vous laisse découvrir le travail de Lunch Breath sur Robot et bonheur ici(et comme le fait remarquer le dessinateur : où sont les films de vampire dans la pyramide ?)

La hiérarchie des besoins de Maslow est souvent mal comprise… néanmoins on peut se poser une question fondamentale : le bonheur est-il lié à des causes intrinsèques ou extrinsèques ?

Le magasine de neuro-sciences “Cerveau & Psycho” a écrit il y a quelques temps une petite brève sur l’argent ne fait vraiment pas le bonheur…

cela reprend l’étude de Niemiec, C. P., Ryan, R. M., & Deci, E. L. (2009). The path taken: Consequences of attaining intrinsic and extrinsic aspirations in post-college life. Journal of Research in Personality, 43, 291-306 que l’on peut lire sur internet ici

Notons que cette étude a été faite sur une classe d’âge précise et une CSP ++ et qu’il faudrait la faire sur d’autres classes d’âge et catégories socio professionnelles. L’étude a été réalisé sur une période de 12 mois avec la période avant le diplôme et après le diplôme dans la vie active. Les chercheurs ont cherché à estimé l’impact de la recherche de valeurs intrinsèques ou extrinsèques sur la satisfaction générale, l’ estime de soi, le niveau d’anxiété, les signes physiques de stress et l’expérience d’émotions positives et négatives… bref le “bonheur”.

En résumé les étudiants recherchant des valeurs extrinsèques (devenir riche) sont généralement plus malheureux après leur insertion dans la vie professionnelle que ceux qui recherchent des valeurs intrinsèques (développement personnel, les relations avec les autres, l’engagement dans une communauté, la santé physique…). Pire, les personnes qui avaient des motivations extrinsèques après la réalisation de celles-ci n’étaient pas heureux (stress, colère, honte…).

Et oui les valeurs extrinsèques ne servent qu’à réhausser une image de soi… il vaut mieux poursuivre des besoins intrinsèques, qui selon la théorie de l’autodétermination,  relève de la réalisation de besoins psychiques fondamentaux.

Cela explique probablement pourquoi on finit par trouver dans les grands groupes des personnes aigries qui n’ont pas de vie en dehors du travail et qui finissent par être négative pour tout le monde et leur entreprise… comme quoi on devrait rappeler que les lapins aux grandes dents qui rayent le parquet, c’est mauvais pour la santé, celle des autres mais aussi la leur…

On peut se poser la question concernant la nature extrinsèque et intrinsèque des  choses : quand on est heureux tout semble à sa place. Mais-est-ce lié à notre perception ou à un moment particulier où tout s’emboite parfaitement bien ?

• Thierry Janssen dans la Solution intérieure :

« Mihaly décrit très bien l’intérêt qu’il y a à choisir un objectif précis pour motiver notre action. Le flot de nos expériences nous conduit alors vers la réalisation de ce but et nous procure un sentiment de bien-être qui entraîne notre corps et notre esprit vers la réussite. Toutefois il convient de ne pas oublier un détail important : le secret du bonheur réside dans notre capacité à nous fixer des objectifs raisonnables. Il faut donc pouvoir reconnaître ses limites , ne pas vouloir en faire trop ni trop vite, tenir compte des contraintes de l’environnement et choisir ses priorités en respectant ses besoins essentiels. Courir après l’inatteignable engendre trop de stress. La frustration créé un découragement et le manque d’espoir nous plonge dans la dépression ».

• Ken Wilber synthétise toutes les méthodes de grille de lecture dans sa vision intégrale :

• Que l’on complètera avec l’énéagramme de Gurdjieff :

3 centres instinctif, émotionnel, mental

(image et explications site ennéagramme)

« Les hommes se figurent être libres, car ils ont conscience de leurs volitions et de leur désir, et ne pensent même pas, même en rêve, aux causes par lesquelles ils sont disposés à désirer et à vouloir, n’en ayant aucune connaissance. » Spinoza

Nous avons beaucoup discuté de conditionnement, de perception et de changement de paradigme sur ce blog… Barry Ritholtz a décrit la fin du paradigme politique droite gauche. Les libéraux contre les conservateurs. Pour lui le nouveau paradigme du XXIème siècle est devenu les individus vs les organisations. Cet éclairage est intéressant, surtout que plus nous avons conscience de comment fonctionne les choses, plus  nous nous enchainons dans des modèles qui ont prouvé leur inefficacité voire leur nocivité (et où de nombreuses personnes sont vampirisées par les grandes organisations par leur travail)… Orwell, Huxley et K Dick sont d’une actualité déconcertante.

Le Moine Combattant Urbain posait l’interrogation entre le monde religieux et le monde de la marchandise, peut-être devons nous nous souvenir de la sagesse ancienne qui répond au dilemne de Bender tuer les humains – aime l’humain Fry :

 » Tu espères que tu seras heureux dès que tu auras obtenu ce que tu désires. Tu te trompes. Tu ne seras pas plus tôt en possession, que tu auras mêmes inquiétudes, mêmes chagrins, mêmes dégoûts, mêmes craintes, mêmes désirs. Le bonheur ne consiste point à acquérir et à jouir, mais à ne pas désirer. Car il consiste à être libre.  » Epictète