La contre-révolution occidentale menée par les États-Unis et la France fait rage dans le monde musulman, propageant sang, stupeur et radicalisme. C’est avec les épigraphes vénérables de ‘justice’ et de ‘liberté’ que nous entrons en guerre en ce début 2011. Jamais par contre notre élite politique a senti le besoin de préciser à qui bénéficiera cette liberté et à qui assurerons-nous la justice.
Nul besoin de vous rappeler que les présents soulèvements populaires dans le monde arabe se font à l’encontre d’anciens dictateurs, pour la plupart soutenus par les États-Unis, la France, le Canada et le bloc occidental dans son ensemble. C’est le cas de la Tunisie de Ben Ali, de l’Égypte de Moubarak, du Bahreïn, du Yémen, du Maroc, de l’Algérie, du Koweit, de la Jordanie et j’en passe... Nul besoin non plus de souligner que le monde musulman est principalement divisé en deux, entre les Chiites (Iran) et les Sunnites (Arabie Saoudite), où ces derniers se font la lutte pour le contrôle de la région et dont les Sunnites sont les principaux bénéficiaires de l’aide étrangère (Israël, États-Unis, France...).
Ces soulèvements populaires qui puisent leurs origines du soulèvement tunisien de la fin 2010 ont évidemment ébranlés nos élites. Comment peuvent-ils à la fois assurer leur emprise sur ces pays producteurs et à la fois garder leur vernis de ‘démocrate’ et de ‘justicier’? Comment cacher l’énormité du conflit d’intérêt?
Suite au soulèvement tunisien et la destitution de son président-dictateur Zine El Abidine Ben Ali, c’est le roi Abdallah d’Arabie Saoudite qui l’a accueilli. Ce même Abdallah, grand allié des États-Unis dans la région, en a rajouté avec un soutien inconditionnel à Moubarak, suite aux soulèvements d’Égypte. Cela s’ajoute à la présente mission des soldats saoudiens, au Bahreïn, contre la révolte populaire et qui réprime les manifestants par le sang. Bahreïn abrite une importante base militaire des Etats-Unis, on en déduit que ceux-ci sont prêts à tout pour assurer un gouvernement compatissant à leur égard dans cette région limitrophe avec l’Iran. Tout cela avec le support tacite et passif du Canada, de la France et des puissances mondiales.
Évidemment, ce support n’a pas resté tacite face à une Libye ‘sociale-démocrate’ qui refuse l’ingérence étrangère, même si celle-ci est principalement composée de Sunnites. Il fallait donc supporter financièrement et militairement la révolte populaire en Libye, alors qu’on refusait d’agir pour condamner sa répression dans les autres pays alliés. Toutefois, ce support des puissances occidentales à la révolte populaire libyenne a eu un contre-effet de renforcer le camp pro-Kadhafi. Si auparavant on assistait à des désistements civiles, de fonctionnaires et de militaires libyen, l’ingérence occidentale a fait que tous ont serrés les liens contre les ‘envahisseurs’ Islamistes de Benghazi, qui ne se gênent même pas pour arborer le drapeau du roi-dictateur Idris d’avant 1969, qui était en fait un valet à la solde des puissances occidentales. Alors que l’intervention militaire en Libye supportée par la France, le Canada et les États-Unis a déjà fait plusieurs victimes civiles, on nous rappel sans cesse notre « responsabilité de protéger » ces populations du despote Kadhafi. Cela rappelle étrangement la « responsabilité de civiliser » que les puissances occidentales employaient pour justifier l’invasion de l’Afrique et d’Amérique du Sud et la mise à l’esclavage de ses populations respectives.
Les luttes entre Sunnites et Chiites ne sont ici qu’un paravent dont les puissances occidentales profitent pour faire main-mise sur les ressources naturelles et les populations locales. Évidemment, les puissances économiques voudraient pouvoir profiter d’un monde arabe totalement complaisant à leur égard. Toutefois, le dernier siècle a démontré que cela se faisait à l’encontre des peuples locaux, qu’ils soit sunnites ou chiites. D’où l’importance que les populations musulmanes participent à l’édification d’un appareil citoyen panarabe, incluant autant les sunnites, les chiites et autres minorités afin de protéger leurs intérêts face aux puissances économiques et aux États corrompus. Pourquoi ne pas réincarner le parti Baas sous forme de délégation citoyenne révocable, qui pourrait s’étendre à l’ensemble de l’Afrique et des pays dominés pour libérer l’oppression capitaliste?