Le fiasco de l'équipe de France au Mondial-2010 a encore éclipsé mercredi la préparation du déplacement au Luxembourg, vendredi en qualifications à l'Euro-2012, Patrice Evra ayant effectué son grand retour médiatique pour délivrer sa vérité, deux jours après Franck Ribéry.
"Je sais qu'il y a des éléments qui font que cette semaine a été un peu agitée mais notre rôle est de bien faire prendre conscience que l'objectif est de gagner ce match au Luxembourg", a déclaré Laurent Blanc. Mais le sélectionneur savait qu'il serait fatalement rattrapé par les événements de Knysna avec la première conférence de presse de Patrice Evra.
L'ex-capitaine des Bleus (29 ans, 32 sélections), suspendu cinq matches par la FFF pour son implication dans la grève de l'entraînement, est donc venu pour exprimer sa "très grande fierté" de renouer avec la sélection. Mais comme Ribéry avant lui, le défenseur de Manchester United tenait à rappeler quelques faits et remettre les points sur les i.
Le Mancunien a ainsi envoyé une pique à l'adresse de la ministre des Sports Chantal Jouanno qui avait réclamé des excuses avant tout retour d'Evra et de Ribéry en équipe de France.
"Je trouve que certaines personnes ont la mémoire courte, a-t-il déclaré. J'ai été le premier à m'excuser et à demander aux joueurs de renoncer à leurs primes. Avant les vacances, beaucoup s'attendaient à ce que je remette de l'huile sur le feu, mais j'avais dit que l'heure était au pardon."
L'ancien Monégasque a également réfuté le terme de "meneur" qui lui colle à la peau depuis la Coupe du monde.
"A la fin du Mondial, j'ai dit aux joueurs d'aller tranquillement en vacances car si on devait couper la tête de quelqu'un, ce serait la mienne, celle du capitaine. C'est injuste, oui et non. Il fallait bien que quelqu'un prenne. Mais la commission de discipline ne m'a pas reconnu plus responsable (que d'autres joueurs, ndlr)", a-t-il expliqué.
Plus globalement, Evra veut désormais être "une solution, pas un problème" même si le Mondial sud-africain restera pour lui une "cicatrice".
Un discours qui a semble-t-il reçu l'assentiment de Blanc, tenté de le titulariser dès vendredi contre le Luxembourg. Les deux hommes ont d'ailleurs eu une discussion lundi.
"On a parlé du passé, du présent et éventuellement de l'avenir. C'est quelqu'un qui a l'air attaché à l'équipe de France", a expliqué le sélectionneur.
Mais Blanc est resté ferme sur ses fondamentaux: l'état d'esprit et le comportement des anciens bannis devra être irréprochable. "Je ne peux pas mettre en difficulté l'équilibre et le collectif de l'équipe par rapport à untel ou untel. Il faudra du temps pour que ces joueurs-là reprennent du crédit pour avoir un statut un peu plus important", a-t-il averti.
La difficulté n'a pas échappé à Evra, qui peut s'attendre à un accueil quelque peu houleux, mardi au Stade de France contre la Croatie en amical. L'arrière gauche mancunien le sait: rien ne lui sera épargné et le moindre de ses faits et gestes sera scruté.
"Je n'ai pas eu le sentiment que des Français m'en veulent mais dans un stade, c'est comme une arène, il y aura toujours quelques sifflets, a-t-il reconnu. A moi de renverser la tendance pour que les gens me voient comme quelqu'un qui veut s'investir pour un futur bien meilleur."
"Il va y avoir des manifestations mais ils doivent se concentrer sur le match et faire abstraction, a commenté Blanc. Leur performance sera un élément important pour eux, pour le staff et dans l'esprit des gens."