La bourse et la vie

Publié le 31 janvier 2008 par Jlhuss

… ou les “subprimes ” vues par un paysan du Morvan !

Qu’en est-il de la maintenant fameuse crise des subprimes? Ou sont les responsables ? Les ménages américains n’y sont pour rien … les pauvres! Pauvres, ils voulaient une maison, rêve de toujours. Ils sont allés voir le banquier sans véritable espoir d’obtenir les subsides nécessaires : Ils étaient déjà fortement endettés et avaient de faibles revenus. Surprise ! La banque dit OK !

Le prêt est à un taux alléchant de 1 ou 2 %, mais … totalement variable. Ils n’y ont pas compris grand-chose. Ils voulaient simplement une maison et ils l’ont eue…

Mais alors quid du banquier ? Pourquoi a-t-il prêté à ces ménages surendettés et pourquoi à taux variable non plafonné ?

Les banquiers ont aussi beaucoup et facilement prêté aux constructeurs immobiliers, sans doute trop. Les constructeurs ayant un accès facile aux crédits ont trop construit. Ils ont eu ensuite des difficultés pour vendre. Ils ont demandé alors aux banquiers engagés avec eux d’être moins exigeants pour l’octroi des prêts immobiliers… Ainsi, la boucle est bouclée ! Je te tiens tu me tiens …

Au bout du chemin, les pauvres vont perdre leur petite maison, des banques vont plonger, d’autres sont en train de faire des choux gras. Certains au milieu de ce vaste “bordel”, voudraient en plus que les banques centrales baissent les taux pour permettre la fuite en avant sur les “liquidités” déjà déraisonnables ? La FED a déjà répondu favorablement par deux fois, la banque européenne résiste encore, sous le feu des critiques pusillanimes, et refuse de participer à cette fuite en avant.

Vous pardonnerez, je l’espère, au béotien que je suis une telle vision simpliste, mais n’y aurait-il pas un peu de ça? L’Ami Guess Who ne manquera pas de répondre à un pauvre Morvandiau.

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Pierre Larrouturou un diagnostic et pas de traitement.

Le savetier et le financier :

Un Savetier chantait du matin jusqu’au soir :
C’était merveilles de le voir,
Merveilles de l’ouïr ; il faisait des passages,
Plus content qu’aucun des sept sages.
Son voisin au contraire, étant tout cousu d’or,
Chantait peu, dormait moins encor.
C’était un homme de finance.

Si sur le point du jour parfois il sommeillait,
Le Savetier alors en chantant l’éveillait,
Et le Financier se plaignait,
Que les soins de la Providence
N’eussent pas au marché fait vendre le dormir,
Comme le manger et le boire.
En son hôtel il fait venir
Le chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire,
Que gagnez-vous par an ? - Par an ? Ma foi, Monsieur,
Dit avec un ton de rieur,
Le gaillard Savetier, ce n’est point ma manière
De compter de la sorte ; et je n’entasse guère
Un jour sur l’autre : il suffit qu’à la fin
J’attrape le bout de l’année :
Chaque jour amène son pain.
- Eh bien que gagnez-vous, dites-moi, par journée ?
- Tantôt plus, tantôt moins : le mal est que toujours ;
(Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes,)
Le mal est que dans l’an s’entremêlent des jours
Qu’il faut chommer ; on nous ruine en Fêtes.
L’une fait tort à l’autre ; et Monsieur le Curé
De quelque nouveau Saint charge toujours son prône.
Le Financier riant de sa naïveté
Lui dit : Je vous veux mettre aujourd’hui sur le trône.
Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin,
Pour vous en servir au besoin.
Le Savetier crut voir tout l’argent que la terre
Avait depuis plus de cent ans
Produit pour l’usage des gens.
Il retourne chez lui : dans sa cave il enserre
L’argent et sa joie à la fois.
Plus de chant ; il perdit la voix
Du moment qu’il gagna ce qui cause nos peines.
Le sommeil quitta son logis,
Il eut pour hôtes les soucis,
Les soupçons, les alarmes vaines.
Tout le jour il avait l’oeil au guet ; Et la nuit,
Si quelque chat faisait du bruit,
Le chat prenait l’argent : A la fin le pauvre homme
S’en courut chez celui qu’il ne réveillait plus !
Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,
Et reprenez vos cent écus.

Jean de Lafontaine