En DVD et Blu-ray : Taking Off sort en vidéo. Voici huit bonnes raisons de prendre place dans ce décollage proposé par Carlotta !
1) Parce que c’est le premier film américain de Milos Forman, futur réal de – faut-il que je le rappelle ? – d’une flopée de films essentiels, Vol au-dessus d’un nid de coucous, Amadeus, Hair, et des injustement moins réputés Man on the Moon ou Ragtime.
2) Parce que c’est le seul film qui traite de la contre-culture américaine et de ses effets au quotidien, au sein d’une famille new-yorkaise et qui ait été tourné au moment des faits – ce qui n’est pas le cas de, disons, Ice Storm de Ang Lee
3) Parce qu’il traite du bouillonnement socioculturel américain de la fin des sixties sous un angle original : les confrontations raciales, la révolution sexuelle, ou la mystique de la drogue, y sont dépeintes sous la forme du récit d’un conflit de générations et du manque de communication parents-enfant. A l’inverse de Easy Rider, Macadam à 2 voies, Zabriskie Point ou Alice’s restaurant : pas d’errance, pas de vie communautaire, pas de manifestations pacifiques.
4) Parce qu’il met en valeur l’approche tchèque de Milos Forman, technique déjà mise à l’épreuve dans ses précédents films (Au feu les pompiers, Les Amours d’une blonde) : le mélange de documentaire et fiction. A l’instar d’un concert de Ike and Tina Turner auquel assistent le couple de parents.
5) Mieux : il parvient à faire passer de la fiction pour du documentaire – à l’instar d’une mémorable scène collective où un Rotary Club de parents new-yorkais apprend à fumer de la marijuana, pour soit-disant mieux comprendre les jeunes générations ! Ce qui permet au film de conserver une valeur sociologique tout en s’inscrivant parfaitement dans la lignée de l’œuvre de Forman.
6) Parce qu’il reflète la Forman’s touch : de l’ironie, jamais sarcastique, toujours tendre (à l’inverse d’un Altman, par exemple, auquel le film fait parfois songer). Au point de renvoyer dos à dos parents et enfants, et de transformer un docu sociologique en éternel combat des générations.
7) Parce qu’il permet de découvrir des acteurs rares – les cassavétiens Lynn Carlin (Faces) et Buck Henry (Gloria) dans le rôle des parents – ainsi que des futures stars dans leurs premières apparitions – Katy Bates en Joan Baez
8) Parce que le DVD comporte de très nombreux bonus, dont de savoureux entretiens avec le réalisateur et son scénariste, le Français Jean-Claude Carrière. Qui relate l’épopée Taking Off : écrit en 1968, le scénario ne sera tourné que deux ans plus tard, et porte en lui les germes du mouvement post-68. Car réfugiés à NY en 1968, les deux compères fuient the Big Apple en proie à des insurrections dans le Bronx suite à l’assassinat de Luther King, pour rejoindre Paris ; Paris où le printemps des barricades les empêchent d’écrire. Direction été 1968 : Prague. Quelques semaines plus tard, ce sont les chars de l’Armée rouge qui les empêcheront de continuer…. !
Bref, une formidable occasion cinéphilique de commencer le printemps et de célébrer le 22 mars !
Travis Bickle