Yémen: l’heure des généraux

Publié le 23 mars 2011 par Jcharmelot

Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a été laché par une partie de son armée, et par des généraux qui apparaissent comme un pouvoir de substitution acceptable par les Etats-Unis et l’Arabie saoudite. La crise yéménite est ainsi entrée dans sa phase finale. Et il reste à comprendre si le chef de l’état acceptera de partir sans effusion de sang, ou s’il donnera l’ordre aux troupes qui lui sont restées fidèles, notamment la garde présidentielle, de mener une dernière bataille. Parmi les défections de militaires, la plus importante a été celle du général Mohsen Ali al Ahmar, un héros –pour les yéménites– des offensives répétées contre la rébellion zaïdite qui fait rage depuis 2004 dans le nord du pays, à la frontière avec l’Arabie saoudite. Il a été depuis deux ans marginalisé par le président Saleh, mais il a conservé un soutien non négligeable parmi les militaires.  Il a déployé ses tanks dans Sanaa, mais le fils du président Saleh, qui commande la garde présidentielle a déployé les siens. Le général a annoncé son soutien à la contestation, à la suite de religieux, de chefs tribaux, et de responsables politiques et diplomatiques, qui se sont dissociés du régime de Saleh, qui est au pouvoir depuis 32 ans.  Il a le soutien de la monarchie saoudienne, qui a apprécié sa répression de la rébellion nordiste, et dans un monde arabe en ébullition, rien ne se fait sans le feu vert de Ryad. Surtout au Yémen, pays pauvre et traditionnel de la péninsule arabique, où la famille des Saoud voit d’un trés mauvais oeil le réveil des émules d’Oussama ben Laden. Le général Mohsen Ali sera une garantie qu’il poursuivra la lutte contre Al Qaïda, et la coopération militaire entamée avec les Etats-Unis. Washington fournit 150 millions d’aide par an aux militaires yéménites, et ne souhaite pas que cet investissement soit mis en cause par une longue période de troubles. Pour le Pentagone, l’instabilité doit cesser et le général Mohsen Ali doit y contribuer. La solution au Yémen est donc un scénario à la tunisienne, ou à l’égyptienne, avec les militaires fraternisant avec les protestataires, puis mettant un  terme au règne devenu embarrassant d’un chef trop encombrant.   

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Les Etats Unis