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Barbe Bleue, un conte de Perrault vu par Balthazar

Publié le 23 mars 2011 par Dubruel

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 Il était une fois

Un homme de peu de foi

Qui possédait beaucoup d’argent.

Il habitait une maison très belle,

Mangeait avec ses gens

Dans une vaisselle

De vermeille,

(Une merveille !)

Et roulait dans un carrosse en or.

Mais ce monsignor,

Qu’il était laid, mon dieu

Avec sa barbe bleue !

D’ailleurs les gosses

L’appelait « Barbe Bleue ».

De plus, il était si féroce

Qu’il n’était ni femme ni fille

Qui ne s’enfuit

Devant lui.

Or sa voisine avait deux filles

Très belles.

Un jour, il demanda

La main de l’une d’elle.

Mais celle-ci refusa 

Car Barbe Bleue avait eu

Plusieurs femmes

Et elles avaient disparu

Mystérieusement. O drame !

Mais il mena les filles

Et leur famille

Dans son château, chez lui.

On passa les nuits

A festoyer et danser.

Le jour, on allait chasser,

Pêcher,

Se prélasser….

Si bien que la cadette

Considéra le châtelain

Ni vilain

Ni malhonnête.

Alors, dès qu’on fût

De retour à la ville

Le mariage fut conclu.

Un mois après, en avril,

Barbe Bleue prévint sa femme :

-« Belle dame,

 Je pars vingt jours

Pour

Une affaire de conséquence.

Pendant mon absence

Vous pouvez vous divertir,

Faire ripaille,

Mais je dois vous interdire

L’accès à mon cabinet de travail.»

Les voisins, amies et compères

De la jeune mariée profitèrent

De ce déplacement

Pour aller voir ses appartements.

Tout était si beau

Dans ce château !

La maitresse de maison,

Fit tout visiter

A ses invités

Et leur dit :

« J’ai la vive tentation

D’ouvrir ce bureau interdit.»

Ses amis restèrent prudemment

Sur le seuil.

Elle, bravement,

Y entra seule.

Elle tremblait fort.

De prime abord,

Elle ne vit rien,

Les contrevents ayant été bien

Fermés. Elle les ouvrit

Et stupéfaite, découvrit

Les corps des femmes

Tuées par son infâme

Mari, Barbe Bleue.

Prise d’une peur bleue,

Elle sortit si vite de la pièce

Que dans sa presse

La clé, par terre, a glissé

Et du sang l’a éclaboussée.

Elle la lava avec du savon,

L’essuya avec un chiffon :

Le sang ne s’enlevait pas.

Cette clé avait été

Ensorcelée par une méchante fée

N’est-ce pas ?

Quand Barbe Bleue rentra au château,

Son épouse lui rendit le trousseau.

-«Sur cette clé, pourquoi y a-t-il du sang?»

-«Je l’ignore.» dit-elle, en blêmissant.

-«Pardieu ! Vous avez voulu entrer

Dans mon cabinet secret ! »

Comme il avait un cœur de glace, 

Il ajouta : «Vous prendrez place

Auprès des dames inertes

Que vous avez découvertes. »

Elle lui demanda pardon en pleurant.

-« Il vous faut mourir maintenant. »

-« Donnez-moi un instant

Pour prier Dieu. »

-«Je vous le donne.» dit Barbe Bleue.

Elle s’isola

Et appela

Sa sœur :

-«Diane, monte un quart d’heure

En haut de la tour

Et regarde alentour

Si Anton et Yves,

Nos frères, arrivent.

Ils m’avaient juré

De venir dans la soirée

Prendre le thé.

Fais leur signe de se hâter.»

Une minute après,

La désespérée

Criait de nouveau : « Diane,

Ma sœur Diane,

Ne vois-tu rien? »

-« Je ne vois rien

Que le soleil qui poudroie

Et l’herbe qui verdoie.»

Barbe Bleue tendit alors son poignard

Et hurla : «Viens ici sans retard !»

-« Encore un moment. »

Et tout doucement :

-«Diane, ne vois-tu rien ?»

-«Si, une grosse poussière

Qui vient. »

-« Ce sont nos frères ? »

-« Hélas non.

C’est un troupeau de moutons.»

-« Arrives ici dans la seconde,

Criait Barbe Bleue en colère,

On n’a pas idée, mille tonnerres

De faire ainsi languir le monde ! »

-« Encore un instant. »

Puis elle se mit à redire :

-«Diane, ne vois-tu rien venir ?»

-«Je vois deux cavaliers trottant

Vers nous. »

-« Loues

Dieu : ce sont nos frères ! »

-« Je vais leur faire

Signe de se hâter. »

La jeune femme alla se jeter

Aux pieds de son mari,

Toute éplorée, marrie.

-«Ça ne sert à rien, dit Barbe Bleue,

Tu vas mourir. » La tirant

Par les cheveux

Et s’emparant

De son poignard

Cet homme barbare,

S’apprêtait à lui couper la tête.

Alors, sa jeune femme lui répète :

-«Encore un moment. Je prie Dieu…»

-«Non, non. Recommande-toi à Lui,

Et viens !», dit Barbe-Bleue, furieux.

Mais à l’instant où

Il levait le bras

Pour porter le fatal coup,

On frappa à l’huis.

Barbe Bleue aussitôt s’arrêta,

Alla ouvrir et vit entrer

Deux cavaliers prêts

A saisir leurs épées

Afin de l’étriper.

Alors, il reconnut ses beaux-frères

Yves et Anton

L’un mousquetaire, l’autre dragon.

Les deux frères

Lui passèrent

Leur épée au travers du corps.

Et il tomba à leurs pieds, mort.

Comme Barbe Bleue n’était pas

Papa,

Il n’y eut aucun partage.

Sa femme reçut tout l’héritage !


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