On présente généralement Ramana Maharshi comme un représentant de la grande tradition du Vedânta. Il s'en écarte pourtant sur la question du statut du monde par rapport à l'absolu. Alors que pour le Vedânta, le monde est une illusion (mithyâ), seul l'absolu étant réel, pour Ramana, le monde n'est une illusion (mâyâ) que dans la mesure où il n'est pas perçu comme une manifestation de la conscience. Il l'a répété bien des fois. Voici un exemple, sur la manière dont le sage perçoit de monde sensible :
L'apparence du monde est une combinaison des cinq perceptions sensorielles (formes, sons, odeurs, saveurs, textures). Celui qui la connaît complètement - comme étant le Soi, la conscience suprême - sait et fait l'expérience de cette essence aussi à travers ces cinq sens.
Guru Vachaka Kovai, I, 62
Ainsi, toute conscience - par exemple la perception du corps ou de cette table - est un aspect de la conscience de soi. Pas d'absolu sans conscience, et pas de conscience sans conscience de soi :
"La conscience est toujours conscience de soi. Si vous êtes conscient de quelque chose, vous êtes nécessairement conscient de vous-mêmes. Une existence sans conscience d'elle-même est une expression contradictoire. Ce n'est pas une existence du tout."
L'Evangile de Ramana, p. 61-62 (traduit de l'anglais)
Son enseignement sur ce point est bien plus proche de la Pratyabhijnâ que du Vedânta.