Résumé:
New York, 1991.La belle et ambitieuse Taylor Schmidt, fraîchement diplômée d'une université du Missouri, débarque dans la Grosse Pomme à la recherche d'un job et du grand amour. Crise économique oblige, elle erre de bureau de placement en bureau de placement, jusqu'à ce qu'une mystérieuse agence lui propose "le job pour lequel on tuerait". Deux jours plus tard, Taylor se retrouve jeune éditrice d'une maison d'édition new-yorkaise et découvre avec effroi le prix à payer : elle va effectivement devoir assassiner quelqu'un.Théorie du complot et culture pop se mélangent dans ce roman politiquement incorrect à l'humour noir décapant qui tient à la fois de la satire grinçante et du thriller paranoïaque. "Totally Killer" est le premier roman brillant et palpitant de toute une génération.
L'avis de Dup:
Avant de vous parler de ce livre hors-norme, il faut que je vous raconte comment et pourquoi je l'ai lu : J’atterris sur un partenariat proposé par BOB, grâce à un lien subrepticement glissé dans ma boite mail par la plus vile des tentatrices, j'ai nommé Phooka, accompagné de quelques mots: "Vas-y fonce !" Et pour vous dire comme elle me connait bien, je ne connais ni l'auteur, ni la maison d'édition. Mais je vois la couverture et le titre, ou l'inverse :)), je me dis = thriller et zou je postule et vite car il faut être rapide chez BOB... même si je lis: Livre réservé en priorité à ceux qui seront présents à Paris pour une rencontre avec l'auteur. Je pense être dans les choux quand même à cause de cette vilaine phrase en rouge:((... Mais non, le lendemain mon nom apparaît dans les attributions et quelques jours après le livre est dans ma boite aux lettres. Avec ce sentiment délicieux que c'est encore Noël toute l'année, je vais le ranger en-dessous de ma PALU (Pile A Lire Urgente)...sauf que, en fouillant, toujours sur les conseils de Phooka....oh surprise: l'auteur sera aux Quais des polars de Lyon. Du coup le livre a fait une remontée immédiate sur le dessus de la pile.Commencé dimanche après-midi, je l'ai fini lundi soir très tard ou mardi matin très tôt, je ne sais plus...Je m'attendais à un thriller classique car dans ma tête, totally killer = serial killer : rien de tout ça ! D'ailleurs il faut attendre la 140 ème page pour commencer à entrevoir qu'il va y avoir meurtre. Et on sait qui, par qui et pourquoi, c'est annoncé, donc pas de surprises, pas de suspens. Et pourtant je peux vous assurer qu'aussi bien les 140 premières pages que les suivantes défilent tant le récit est prenant. Un véritable plaisir de lecture de par l'écriture de l'auteur, plein d'humour, souvent noir, parfois caustique, et d'autre part par la présence d'énormément de références musicales et cinématographiques des années 90 qui me parlent beaucoup. La construction est surprenante : on comprend, mais pas tout de suite, que le narrateur et personnage principal du livre, Todd Lander, raconte ce qu'il s'est passé il y a 18 ans par quelques comparaisons entre la vie d'aujourd'hui et 1991. Mais la plupart du temps on vit l'histoire à cette époque. Il est touchant ce personnage. Et pourtant l'auteur ne lui épargne pas grand chose. Parfois on a envie de lui secouer les plumes, mais ce n'est pas la peine, Greg Olear a suffisamment d'humour à placer dans sa bouche pour qu'il se tourne tout seul en dérision. Notre pauvre Todd est complètement subjugué par cette Taylor Schmidt qu'il en est pitoyable, qu'il le sait et le dit. Mais d'une telle façon que c'est drôle à lire. Il y a la Taylor qui squatte chez lui à la recherche d'un emploi et il y a l'autre, la vraie, qu'il découvre petit à petit à travers la lecture de ses nombreux carnets intimes. Le décalage est énorme. Pourtant il restera accro jusqu'au bout, accro de la présence de cette fille (même lorsqu'elle va emménager chez un autre), accro de sa lecture qui rythme ses soirées et ses nuits.La fin est ...surprenante, voire dérangeante même. On ne sait plus, mais finalement on s'en fiche : théorie du complot ou non, c'est une bien belle histoire, même si elle est triste finalement, que nous a conté là Greg Olear. Oui, triste, et pourtant je peux vous dire que je me suis marrée bien souvent. Rien que pour cela, mais pour tout le reste aussi, ce livre mérite d'être lu par le plus grand nombre de gens !Pour les plus courageux, un petit extrait qui m'a bien plu:La mère de Taylor ne buvait pas et n'était pas chrétienne régénérée. Pour autant que je sache, c'étaient là les deux seuls points en sa faveur. Darla, c'était la prolo blanche dans toute sa splendeur, depuis la masse de sa bedaine ballonnée qui faisait penser à une otarie jusqu'aux relents de mauvais tabac qui se dégageaient de son épaisse chevelure (...), en passant par les dents qui lui manquaient sur le devant, le chèque mensuel que lui versait l'Etat pour invalidité et qui constituait son unique source de revenus bien qu'elle fût parfaitement capable de travailler, le fait que sa fille avait vingt-trois ans et qu'elle, sa mère, en avait tout juste quarante, sans parler de... bon, vous voyez le tableau.Que Taylor ait pu sortir du ventre d'une créature aussi monstrueuse restera un mystère pour les siècles à venir et pourrait bien constituer la preuve irréfutable que les défenseurs de Darwin cherchent depuis si longtemps.Je remercie BOB et les éditions Gallmesteir pour ce délicieux partenariat.