8 mars : journée de la femme, j'entends à la radio une info alarmante qui retient mon attention. En 2010, le nombre d'agressions sans armes commises contre les femmes a grimpé de 13 %. Soit près de 50 000 actes de violences à l'encontre du sexe " faible "... Alors que faire ? Eviter de sortir seule le soir ? S'habiller comme une nonne ? Engager un garde du corps ? Comme les irréductibles Gaulois dans Astérix, certaines femmes résistent encore et toujours à l'envahisseur et apprennent à se défendre. Et ce, sans potion magique.
La self défense : on n'est pas là pour rigoler
Direction alors l'OKM de Paris, une école spécialisée où l'on apprend des techniques défensives dont l'efficacité n'est plus à prouver. Face à la réalité des agressions de la rue, elle propose même un cours de self défense féminine. Une fois n'est pas coutume, je prends mon courage à deux mains et ressors mon sac de sport du placard, prête pour un cours d'une heure de self défense.
Comme toute bonne journaliste, je me suis bien évidemment renseignée sur l'OKM de Paris et plus particulièrement sur celui qui sera mon instructeur pendant cette heure de cours. Après avoir farfouillé quelques minutes sur le site, je me plonge dans quelques reportages où l'on peut voir certaines techniques de self défense et où il apparaît. Ma première impression, Philippe Glikman en impose. Grand, baraque, je sens vite qu'il n'est pas là pour rigoler. Ce n'est donc pas sans une certaine appréhension que je me dirige villa Longchamp située dans le 16e arrondissement de Paris.
A peine ai-je descendu les marches qui me séparent de la salle de cours que surgit Philippe Glikman, qui est effectivement aussi impressionnant que sur les images. Première question : vous avez fumé ? Je réponds un timide oui auquel il me répond du tac au tac, ça se sent. Première erreur de ma part : ne jamais fumer avant d'aller affronter un grand sportif (ne pas fumer tout court est aussi un conseil valable !).
Je me rends rapidement dans les vestiaires et passe ma tenue de combat, un jogging et un tee-shirt noir. J'attends ensuite avec les autres élèves que le cours de danse classique qui nous précède se termine. En attendant, les femmes présentes se racontent leur semaine et parlent évidemment du cours de self défense. J'écoute distraitement jusqu'à que l'un d'entre elles annonce son achat de la semaine : une coque protectrice. Si c'est le genre d'accessoires dont elles ont besoin, le cours risque d'être beaucoup plus physique que je ne le croyais.
Un échauffement rythmé
20 heures, le cours de self défense débute enfin. Toutes les participantes, une petite quinzaine au total, se mettent à courir en cercle. Pour me mettre dans le bain directement, je m'insère dans la boucle. Tout à coup, j'entends un " Go ! " et tout le monde s'arrête, le temps de donner des coups de poings rapides dans l'air. Je décide alors de m'extraire discrètement et d'observer ces femmes dans un premier temps.
Je me rends instantanément compte que j'ai pris la bonne décision. Coups de coude circulaire, coups de pieds (aussi appelés kicks), pompes, abdominaux : l'échauffement est sportif. En quelques secondes, la mine des participantes s'est transformée. Elles affichent un visage sérieux et n'hésitent pas à respirer très fort pour mettre encore plus d'énergie dans leurs mouvements. " Il faut apprendre à développer son agressivité, j'entends une agressivité positive. Dans la rue, vous n'êtes pas échauffée, vous êtes attaquée par surprise. Il est donc important que cette agressivité se déclenche rapidement. ", précise Philippe Glikman. A priori, les filles l'ont bien compris.
Apprentissage des techniques défensives
Place maintenant aux exercices de self défense en duo. Philippe demande à Emilie, l'une de ses élèves de s'occuper de moi. Il se trouve que c'est la fille à la coque ! La pauvre, elle va avoir du boulot... Je croise les doigts pour qu'elle soit indulgente avec moi. Premier exercice : donner (pour de faux !) deux coups de coude droite et gauche et deux kicks au niveau de l'entrejambe tout en maintenant bien l'épaule de votre " agresseur ". Mes premiers coups sont timides par peur de mal faire ou peur de faire mal à mon équipière tout simplement. Mais au fur à mesure, et grâce aux conseils d'Emilie, je finis par m'en sortir.
Et les exercices s'enchaînent. Entre chaque, l'instructeur prend le temps de bien nous les montrer et en profite pour nous rappeler la dure réalité de la rue pour une femme. " Peu de personnes lèvent le petit doigt en cas de coup dur. La self défense, ce n'est pas un sport. Il n'y a pas de médaille à gagner à la clé. Vous êtes ici pour apprendre à vous défendre et en tirer une satisfaction personnelle toute simple, celle de s'en sortir. " Le silence règne dans la salle, il est temps de passer à un nouvel exercice de défense.
L'un de mes préférés : apprendre à répliquer si votre agresseur tente de vous mettre une claque ou un coup de poing dans le visage. Votre bras doit servir à stopper le mouvement de l'agresseur et votre autre main doit venir lui attaquer son visage à lui. Si l'agresseur ne riposte pas trop, attrapez-lui le poignet avec la main qui a bloqué son bras et posez votre autre main sur son épaule. Et là, place aux kicks à l'entrejambe. Une fois de plus, je commence timidement l'exercice pour le finir presque pleine d'assurance. Il faut dire qu'Emilie me pousse à être plus agressive et à respirer plus fort pour laisser sortir toute mon énergie.
On passe ensuite à une nouvelle technique de défense, plus complexe, afin de savoir comment réagir quand votre agresseur vous surprend par derrière. Je prends l'exercice comme une chorégraphie pour mémoriser méthodiquement chaque mouvement. Le premier est de bloquer votre adversaire et de lui maintenir les mains sur votre poitrine. Un coup de tête en arrière et un coup de fesses à destination de son bas ventre pour le faire reculer. Il vous faut ensuite vous défaire de son emprise sans le lâcher en passant sous vos et ses bras. Prenez légèrement du recul et administrez-lui des coups de pieds dans ses parties intimes. Pour que cela nous rentre dans la tête, on enchaîne et enchaîne cet exercice. Dans la rue, vous n'avez pas le droit à la faute indique Philippe, " il faut que ces mouvements deviennent naturels. Car le jour où vous devez agir, vous n'aurez pas le temps de réfléchir. En vous apprenant toutes ces petites choses, le but est que vous ne vous retrouviez pas figée et incapable de réagir dans cette situation de stress. "
Tout donner, jusqu'à la dernière minute
L'heure est bientôt terminée mais pas question de se quitter comme ça. Pour clore le cours en beauté, Philippe nous demande de taper le plus fort possible avec nos mains dans le bouclier que notre équipière tient face à elle. Après autant d'efforts, j'ai peur que mon énergie soit en perte de vitesse. Mais les encouragements d'Emilie et de Philippe me poussent à me surpasser. Mais quand tout à coup, je me retrouve au sol à faire des pompes, je sens que mon corps ne va pouvoir suivre ! Après dix pompes, je dois me relever en vitesse pour redonner des coups dans le bouclier en y mettant le plus de force possible. Deux minutes après me revoilà au sol pour une séance de 20 abdominaux.
Une fois l'exercice fini, je suis toute transpirante et incapable de décrire mon état physique. C'est le moment que choisit Philippe pour nous rappeler les dernières consignes de sécurité. Je pense en avoir fini pour ce soir mais non l'enchaînement coups de mains, pompes et abdominaux est à refaire... Mais comme je n'aime pas décevoir ceux qui m'accueillent, je donne tout ce que j'ai et réussis à finir le cours sur les rotules mais le corps rempli d'adrénaline.
Inutile de vous dire que j'ai eu des courbatures les deux jours qui ont suivi cette séance de self défense et que je croisais les doigts pour ne pas me faire agresser pendant ce laps de temps. En aucun cas, je n'aurais pu distribuer des kicks et autres coups de poings circulaires !
Plusieurs séances de self défense sont nécessaires pour connaître différentes techniques et prendre de l'assurance. Mais rien que cette séance m'a permis de prendre conscience que je ne suis pas une pauvre fille sans défense. Et ça, c'est déjà un grand pas.
Merci à Philippe Glikman pour son accueil et à Emilie pour sa patience.
A.D
Cours de self défense féminine à l'OKM Paris
Tarif : 20 euros le cours d'1 heure
Adresse : 2 villa Longchamp, 75 016 Paris
Contactez-les par mail à [email protected]
Plus d'informations sur www.kravmaga-paris16.com