Diane Robertson est une artiste amérindienne morte à 33 ans, en 1993. Une exposition lui était consacrée l'année dernière à Québec (photo ci-contre). Son nom m’est connu par la lecture d’un poème de Serge Pey. Une lettre qui commence par cette adresse :
Chère Diane
je n’aime pas ton nom
car tu t’appelles en vérité
Atuhk-Caribou-silencieux
ou
Matsheshu-renard-allumeur-de-feu
ou
Akup-robe-de-feuille-cachée-dans-les-arbres
Et ainsi de suite, tout au long du poème, il la nommera de près de 100 noms différents, tant il est vrai que, nommant, il appelle à la vie.
C’est un texte écrit en 2008, à l’occasion de la caravane de la parole, « rencontre internationale de l'expression francophone mondiale, de la langue au geste ». Et Serge Pey est de ces poètes qui joignent le mot au geste.
Moi je frappais de mes pieds le plancher de la scène
comme pour une vendange de l’espoir.
Ici, il écrit debout :
verticalement
puisqu’on croit qu’un poème est vertical
et que la prose est horizontale
dans son lit de pages
Et l’on trouve, dans ce texte, les revendications des « autochtones », des « natifs », des citations, comme celle-ci, de Gilles Deleuze :
Au moment où le maître, le colonisateur proclament
« il n’y a jamais eu de peuple ici », le peuple qui manque est un devenir, il s’invente, dans les bidonvilles et les camps, ou bien dans les ghettos, dans de nouvelles conditions de lutte auxquelles un art nécessairement politique doit contribuer.
Lisant ces mots de Serge Pey
POESIE-POEVIE !
FRAPPEZ !
un autre poème me revient en mémoire, lu récemment dans l’Anthologie de la poésie amérindienne :
N’offense pas
les Indiens
n’offense pas
les Blancs,
tiens-toi
au milieu
de cette
maudite route
et frappe
(Gogisgi / Carroll Arnett)