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Vivre est d’autant plus insupportable que l’enfer n’est pas pour tous.
Seuls les plus faibles y sont abonnés tandis que d’autres se montrent, avides, hideux dans leur richesse méprisante.
A ceux-là la gloire, les caméras et les micros, aux premiers le silence, le soupçon, la matraque et la mitraille.
*
Rien donc qui puisse être signe de changement ?
Illusion sans doute, car la soif des premiers est si grande qu’il semble bien que plus rien ne puisse les arrêter dans leur marche.
Le sang coule qui ne fait que multiplier la flamme de la révolte et de l’insoumission.
Jeunes intelligences, laissées pour compte d’un monde glissant sur les pentes de l’absolue absurdité, vous marchez sous le plomb qui vous saigne, mais vous ne pliez pas.
Vous êtes l’honneur de ce monde.
*
Vivre est d’autant plus insupportable que l’enfer n’est pas pour tous.
Hideux corrompus qui prétendez gouverner le monde, vous n’en êtes que la lie.
Vieux dans vos âmes, vous ne représentez rien que vous-mêmes.
Ceux qui vous ont parfois élus et soutenus, cerveau lavé à la lessive de vos mensonges, ne savent pas ce qu’ils ont fait.
Ils n’ont que peur au ventre, et leur vie s’est arrêtée devant les lucarnes bleutées qui leur fournissent sombres arguments.
Prisonnier comme d’autres mais sans la moindre conscience de leurs barreaux, ils n’agissent que pour des intérêts qu’ils croient leurs, alors qu’ils ne sont rien.
*
Et toi, désespérée de ce monde en dérive, tu pleures de ne voir aucune fenêtre ouverte sur un avenir qui offrirait une éclaircie.
Tes larmes en ajoutent à la pluie d’orages que ce temps encourage.
Temps qui ne sait qu’étouffer les rêves sous la parodie d’une raison bornée à l’horizon des banques et des bourses stupides.
*
Déjà me voilà vieux d’avoir tant rêvé
Déjà me voilà vieux d’avoir battu le pavé
Nos protestations faisaient rire
Nous étions
Comme d’autres aujourd’hui
Accusés d’être manipulés de l’étranger
.
Voyez comme les mots se répètent
Qui cherchent toujours
Avec obstination
La même soumission
.
Nous étions les agents de Moscou
Nous avions vendu notre âme à d’obscures forces
Nous ne faisions que brandir le même étendard que d’autres avant nous
Rouge du sang des sacrifiés pour une once de liberté
*
Le temps passe et toujours les mêmes triomphent
Saurions-nous sonner le glas d’un monde étriqué
Secouer nos plaies sur les moquettes des palais
.
Un espoir se lève
Le printemps frappe à la porte
Il est temps de lui ouvrir nos cœurs
.
Manosque, 22 février 2011
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