Chère et tendre cousine, qui vit dans ce pays lointain, je t'écris ces mots car tes mots me manquent, tes ris et tes regards me manquent aussi. Sais-tu que nous ne sommes pas menacés par l'horreur nucléaire, selon une gazette locale, qui s'est posé la question ? Sais-tu aussi que ce qui se passe en lointaine Tripolitaine ne nous affectera pas, sur notre unique île lointaine ? Même si Mouhamar Kadhafi a toujours proné la "décolonistation" de la Réunion, et par là même son indépendance, même s'il semble très présent aux Comores, il semble qu'en ce moment, il ne fasse pas un cas avec notre avenir. Le sien, proche, et si incertain, semblant plus le préoccuper.
Belle cousine, te sachant si sensible, je peux imaginer les larmes sourdre de tes yeux clairs aux images dramatiques venues du Japon. A l'instar de nos voisins malgaches, voilà un peuple qui se prend tous les cataclysmes, humains ou naturels. Nous avons de la chance, sais-tu, d'être petits et oubliés du monde. Aujourd'hui, j'ai récupéré des jamblons dans le jardin. J'ai pensé à toi. Tu aimais tellement ça quand nous étions petits. La terre a-elle tremblé, ou est-ce moi, au moment de ramasser les fruits violets ? Aujourd'hui, il y a du soleil, dans le pays où tu vis. Ici, à la Saline, il pleut. Une pluie chaude. Chaude comme les larmes que je suis heureux de ne pas voir couler de tes yeux.
François GILLET