En couverture, un détail d'une peinture de Piero della Francesca, La Légende de la Vraie Croix, qui évoque la rencontre entre la reine de Saba - prénommée Bilqîs - et le roi Salomon et ce moment précis plus particulièrement où elle se prosterne devant ce qui deviendra plus tard le bois de la croix du Christ... A l'intérieur du livre, deux récits s'entrecroisent et s'influencent, mais cest surtout Silvia, la femme du peintre Piero, un talent reconnu de la renaissance italienne, qui porte l'histoire. En effet, convaincue par une force mystérieuse qu'elle doit tenir son époux loin de Rome et l'encourager à continuer une fresque entreprise depuis longtemps, la jeune femme en mal d'enfant crée pour son mari le conte d'une reine de Saba de chair et de sang partie sur les routes pour rencontrer Salomon, asseoir son pouvoir et éviter la guerre.
A l'origine, j'ai rencontré Aliette Armel via un très beau roman sur le thème de la musique, Le Pianiste de Trieste, puis j'ai enchaîné avec son inévitable essai sur Antigone que je ne pouvais râter. J'ai acheté Le voyage de Bilqîs lors d'un petit salon du livre de ma région, et étrangement j'ai tardé à l'ouvrir, voilà qui est enfin fait.
(Je me souviens d'ailleurs de ce tête à tête rapide lors de la dédicace, d'un grand sourire et d'une femme douce et que l'on aimerait pouvoir écouter parler longtemps. Les mystères des lectures sont grands... Il faut croire que certains livres attendent patiemment leur heure.)
L'influence d'Henry Bauchau, et de son Antigone, est sur ce roman précisément complètement évidente. Ceux qui l'ont aimé y seront sensibles. J'y ai retrouvé les mêmes sensations physiques, de chaleur, de fatigue, d'exaltation ou de maladie qui m'avaient tourneboulée alors. S'y ajoutent cet art de la peinture et ces réflexions sur le pouvoir, la religion et l'amour qui font le sel de toute bonne histoire. Ici, la mythologie est vivante, le destin en marche et la spiritualité une force du quotidien.
C'est un voyage que je ne regrette pas...une lecture qui m'a ramenée vers des sources un peu oubliées, un grand bain de fraicheur mythique.
Sinon, pour déposer son billet de lecture de Pal de Mars c'est toujours par ici [lien].