A l’instar de Nicolas Sarkozy fustigeant, en substance, « ces élites
qui râlent tout le temps », Serge Grouard nous a, à son tour, gratifié de son couplet poujadiste. Invité lundi 21 mars des « Grandes Gueules » de RMC, il a répondu
par l’invective, l’arrogance et le dédain aux questions trop embarrassantes qui lui étaient posées (lire La République du Centre du 22 mars). Les habitués du conseil municipal d’Orléans
ne seront pas étonnés d’un tel trait de caractère. Il n’est pas rare, en effet, que le député-maire use et abuse d’un tel ton vexatoire. L’insulte est ce le dernier argument quand on a épuisé
tous les autres. Surtout quand il s’agit de justifier l’injustifiable : refuser de faire barrage au Front national lors du second tour des élections cantonales dimanche 27 mars. Et il ne suffit
pas de s’autoproclamer « gaulliste » pour prouver sa virginité.
Serge Grouard a oublié que ces socialistes dont « la manière de faire [l’]exaspère » ont, en 2002, voté comme un seul homme contre
Jean-Marie Le Pen et pour Jacques Chirac. Mais nous n’avons sans doute pas la même conception de la République. Alors oui, M. Grouard, ne vous en déplaise, se dire républicain et mettre au même
niveau le PS et le FN, c’est honteux ; c’est lamentable, pour reprendre un mot que vous affectionnez. Humanistes et républicains de droite, réveillez-vous !
Il n’est pas question de piège de la gauche ou de je ne sais quel manigance politicienne. Il s’agit d’une question de principe, de valeurs
fondamentales. Quand, en 2002, président d’un bureau de vote à Orléans, j’ai vu arriver les premier résultats du premier tour de l’élection présidentielle, ma toute première réflexion de militant
démocrate a été de me dire, sans en avoir parlé à quiconque et dans le feu de l’action, spontanément : « Dans deux semaines, je vote Chirac ». Il n’y avait là aucun calcul,
aucune arrière-pensée. Juste un réflexe républicain. Alors oui, honte à toutes et celles et ceux qui bottent en touche face à un choix politique aussi fondamental. En refusant de choisir, ils
laissent penser, en actes, que le Front national serait un parti comme les autres. En s’abstenant, ils affaiblissent un peu plus notre démocratie déjà fortement ébranlée par les incessants coups
de boutoirs que lui porte Nicolas Sarkozy.