C’est un des livres que j’ai acheté après avoir su que j’allais partir pour 10 mois au Burkina Faso, lorsque je me suis rendue dans cette immense librairie de la Cité des voyageurs , rue Saint-Anne à Paris, où les rayons de littérature du monde côtoient celui des cachets pour rendre l’eau potable, où on trouve aussi toutes sortes de gadgets pour explorateurs contemporains.
Sur la table d’exposition, le masque de la couverture m’interpellait avec ses énormes yeux jaunes, et puis il y avait ces deux mots mots magiques « contes initiatiques ».
Je l’ai emmené dans ce petit paradis au bord de la Mer Baltique en Lituanie, je m’y suis plongé et la voix du conte m’a attrapée : il m’était impossible de m’en détacher.
Ils sont de plus en plus rares ces livres qui m’attrapent, le plus souvent par surprise, et ne me lâchent pas pas, même après l’avoir épuisé jusqu’à la dernière ligne.
Le premier de ces contes, Njeddo Dewal, raconte comment Bâgoumawel, un enfant prédestiné va mettre fin au règne de la terrible sorcière Njeddo Dewal, Mère de toutes les calamités (ceux qui ont vu le film Kirikou en reconnaîtront la trame, puisque c’est le conte qui l’a inspiré).
Les premières pages ont la poésie brute des mythes des origines, avec leurs ribambelles d’enfantements et d’engendrements divins.
Histoire initiatique, ce conte confère à des événements, des rituels, des actions extraordinaires, merveilleuses et magiques, à priori lointains et irréels, un caractère familier et intemporel.
Un conte initiatique est un mystère. Il parle un langage secret que le coeur comprend seul, peut-être parce que comme le dit le Petit Prince, « L’essentiel est invisible pour les yeux ».
Un conte initiatique n’est pas raisonnable, mais il résonne en nous.
Début mars, dans le village peul de Sénoussa, à quelques kilomètres de Djénné, je parlais de ce livre et évoquais l’origine malienne de son auteur,, Hamadou Hampâté Bâ, historien, écrivain, conteur, ethnologue, lorsque mon guide s’est écrié : « Mais une partie de sa famille vit ici, à Djénné! On aurait même pu passer les voir ce matin! » (l’autre partie de sa famille est à Bandiagra, où il a vécu son enfance, et j’y étais déjà passée 10 jours plus tôt).