Magazine Société
On part la fleur au fusil et on revient avec des fleurs sur la tombe. Ainsi vont les guerres avec toujours ce cortège d'images enthousiastes de ces combattants brandissant leurs armes et puis les mêmes, cette fois pleurant la mort de leurs compagnons.
Dans un camp comme dans l’autre, ils sont tous semblables : De « La Liberté guidant le Peuple » de Delacroix, à la fameuse photo de Cappa sur la guerre d’Espagne et aux représentations mythiques de la guerre, on retrouvera toujours cette même exaltation qui sème la violence et la mort depuis l’aube de l’humanité. La liberté ou la mort ! Tu parles ! Idéologies corsetées par et pour ceux qui s’en repaissent ! Thèses, antithèses, foutaises !
La victoire en chantant ce n’est pourtant pas pour la chair à canons mais bien pour ceux qui, au loin, calculent et spéculent, tissent leurs lauriers sur des champs d’os et de larmes ravagés par leur seule ambition. Mais par magie, ça marche. La magie. Oui, ce truc qui consiste à montrer ce que fait la main droite tandis que la main gauche traficote et vous roule !
La magie : l’art de la politique. Diversion, propagande, poudre aux yeux, flonflons, Mirages… Images de mères regardant le porte avion glisser sur les flots, les larmes, les mains s’agitant au ciel dans un adieu, les mêmes images se superposant à celle des siècles passés, tissant l’épopée d’une nation à grands flots de mensonges et de sang… La grande boucherie de l’Histoire avec sa belle vitrine ! Approchez, approchez, du sang, du sang, y’en aura pour tout le monde, tiens t’auras du boudin !
Plus que jamais : Vive Céline ! Relisez ce début du « Voyage au bout de la nuit ». Regardez les ces « héros » ! Ou bien encore Zola : « La débâcle » pour cette guerre de 1870 qui vit Napoléon III s’effondrer à Sedan. Napoléon le petit. L’Histoire se répète-t-elle ?
Napoléon III qui se croyait soutenu dans sa guerre par l’Italie et l’Autriche-Hongrie, espérant un soutien diplomatique de l’Angleterre et de la Russie, se retrouva seul.
Aujourd’hui, quelques jours après le déclenchement des opérations en Libye, les américains envisagent déjà de se défiler, les norvégiens pressentis s’en vont et la ligue arabe et tant d’autres commencent à se demander dans quel bourbier ils se sont laissés entraîner. La coalition s’effrite. On se mord les doigts de s’être laissés entraîner si vite quand seul Sarkozy à intérêt à cette guerre.
Sarkozy ! Rappelons-nous, c’était en décembre, son ultimatum de 48 heures à Laurent Gbagbo ! Tiens, encore là, celui-là ?Et que ses milices aient assassiné de sang froid quelques manifestantes pacifistes pour célébrer « la journée de la femme » cela n’aura guère ému nos médias et, encore moins, Notre Président...
Mais à la Côte d’Ivoire on préféra la Libye, allez savoir pourquoi ! A la guerre comme à la guerre! Après tout, plutôt que des noirs, des arabes feront bien l'affaire!
Les Droits de l’Homme, la protection des victimes ! Allons, allons… Plus sûrement quelques intérêts que vous n’avez pas à connaître. Alors aux oubliettes les ivoiriens et le coup de menton de l’ultimatum !
Sauf que Sarkozy risque finalement le même sort que Napoléon III : la défaite. L’armée lybienne tient bon, le peuple lybien ne se révolte pas à Tripoli, les bombes tomberont et alors ? Une semaine, un mois, un an, et après ? Pendant ce temps l’exaltation guerrière retombe et alors c’est la débandade.
Alors qu’on parlait d’Europe et de politique étrangère commune, c’est Sarkozy qui casse tout cela en tournant délibérément le dos à l’Allemagne pendant que Malte et Chypre refusent leur territoire à la coalition. L’Italie comme d’autres regardent ailleurs. .. Et ceux-là même qui se sont laissés entraîner par Notre va-t-en guerre, risquent aussi de le lui faire payer. Et chèrement. Sauf que c’est nous qui paierons l’addition !
Arrêtez la folie Sarkozy! Arrêtez cette guerre !