Dans ce recueil de textes courts alternent histoires, contes et légendes qui forment la trame de la conscience et de l’imaginaire latino-américains. Et quel imaginaire ! Voici Calamity Jane, bien mal en point, couchée sur le dos de son cheval Satan, tandis que descendent les bouteilles de rhum de la Jamaïque. Voici une femme à lunettes — nul n’en a jamais vu dans ces contrées (ni au-delà). Voici le clown qui salue la foule en s’enlevant la tête, le bonnet et tout. Voici Fernando Rodríguez : il avait conservé tous ses rêves dans un sac de supermarché ; le sac s’est ouvert et les rêves se sont échappés. Vraiment ?« S’il vous plaît, je vous en supplie, ne me faites pas l’affront de me demander si cette histoire a vraiment eu lieu,susurre Galeano.Je vous l’offre pour que vous la fassiez exister. »
A pied, à cheval, à dos de mule ou dans un grondement de train quitchaquatchaque,nous voilà à Ayacucho, dans la région agreste du Pernambouc, sur la rivière Uspanapa ou la côte du golfe du Mexique, à Carthagène des Indes, dans les îles Chiloé, sur la rivière Caroní — à la recherche du chasseur de trésors. Il ne manque personne : on croise les pauvres, les riches, les nouveau-nés et les épuisés, les nus et les déguisés. Celui qui sait lire lit : « Interdit ». Celui qui ne sait pas apprend à coups de bâton — l’école du pauvre. Car Galeano reste ce poète du coin, enclin à la critique sociale.